Devant la boutique de Mickey, il y a des pétales de roses éparpillés sur le trottoir, et ça me rappelle le papier peint couvrant le couloir de mes parents au milieu des années soixante-dix. Je fais un pas, et les pétales volettent autour de moi. J'ai conscience de moi-même comme ça ne m'est pas arrivé depuis le début de mon adolescence. Comme dans une véritable crise de croissance, mon corps me semble étranger, et je suis persuadé que même le plus normal de mes gestes doit paraître excessif et saccadé, tel celui d'un pantin désarticulé.
La raison de tout ça, évidemment, c'est Mikey. Je ne peux m'empêcher de me demander si elle me regarde et, le cas échéant, qui elle voit. Reste-t-il encore des traces du Fred Roper qu'elle connaissait ? Ou le lien qui nous unissait autrefois a-t-il complètement disparu pour elle, rompu en ce jour sinistre de mon adolescence où je suis parti vivre en Ecosse avec maman ?