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Critique de bobfutur


Avec ce livre, Lobo Antunes invente, ou développe, le « Sordide-Merveilleux », style littéraire dense et éprouvant…
C'est une vraie épreuve que ce livre, tant l'on y croise une langue ébouriffante de beauté, hypnotisante quand il s'agit de décrire les bas-fonds de Lisbonne et des consciences humaines.

Mais l'épreuve tourne au supplice vu la longueur, la pagination universitaire à tendance économe ( y aurait-il un syndrome portugais à ce sujet ? Ou bien Saramago et lui-même ont le même éditeur ? ), et la structure du récit tellement éclatée que cela en devient risible…
L'auteur peut-il seulement se foutre de nous… ?
Plus sérieusement, il en émane une volonté de brouiller totalement ces histoires humaines avec celle du Portugal, comme si chaque individu pouvait être remplacé sans dommage par un autre.

Le résumé nous parle de quatre hommes. J'ai mis longtemps a comprendre qu'ils doivent bien être cinq (un passage le confirme), si l'on compte ce capitaine à qui les autres s'adressent, marquant la première couche de cette structure de souvenirs entremêlés, dont on ne saura au final rien du tout.
C'est d'ailleurs le gros point négatif: je m'accrochais à lui comme à une forme de contre-poids, et voyais sa présence comme annonçant un possible retour de l'intrigue vers le Présent. Son grade n'est forcément pas choisi au hasard, mais il restera seul comme Oeil de Sirius.

La gêne, obligatoire, vient de ces répétitions de descriptions de lieux ou d'âmes systématiquement putrides, et du refus farouche de l'auteur d'écrire ne serait-ce qu'une ligne de dialogue suivie. L'intention semble être de décrire des individus ne pouvant communiquer entre eux, malgré les souvenirs en commun, au risque de laisser le lecteur en bord de route.

Le résumé, encore lui, placé en épigraphe, parle même de ce meurtre en fin de livre, comme promesse d'un événement particulier… En fait, le livre s'essouffle à mon sens avant cela, dès que l'évocation de cette Révolution des Oeillets s'achève, renvoyant les quelques idéaux restants à confire dans ce creuset vomissant de sperme rance, de vinasse suffocante, de putes contre-littéraires.

Reste une impression, très forte, d'avoir lu un grand auteur, allant au bout de son idée, jusqu'au dégout.
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