Lila s'était toujours trouvé un chevalier servant pour pardonner ses excès et payer ses factures. Il y avait eu son agent, son second mari, et puis ce "saint-proprio" que Sabine n'avait jamais rencontré . Les hommes aimaient les paumées.
Désormais, c'était sur Facebook que l'on apprenait la mort des gens. Entre une vidéo de chatons et un selfie, le réseau social faisait office de de rubrique nécrologique à l'échelle internationale. De plus, les pages des défunts restaient souvent actives bien après leur disparition, et leurs amis, véritables ou virtuels, continuaient d'y laisser des messages, s'adressant directement à eux pour présenter leurs condoléances, exprimer leur tristesse et regrets. On parlait donc aux morts sur Facebook, principalement pour se sentir exister aux yeux des vivants.
- Ma mère était actrice. Et même si sa carrière a été de courte durée, elle n'a jamais cessé de jouer la comédie.
Lui non plus n'avait pas réagi à l'absence de Liliane. Était-ce de l'indifférence ? Ou la volonté de ne pas savoir, de maintenir le malheur des autres à distance pour ne pas être contaminé à son tour ?
Il faudrait tout dire à Lucie. Et avant tout, que la vie était courte, mais aussi terriblement longue. Elle vous donnait tout le loisir de multiplier les erreurs, et vous laissait si peu de temps pour les réparer.
Permettre l'identification d'une dépouille, établir la cause d'un décès, c'était avant tout rendre leur histoire aux morts et la transmettre aux vivants.
Parler de ces "oubliés", c'était comme repeupler des existences désertées"
Il faudrait tout dire à Lucie. Et avant tout, que la vie était courte, mais aussi terriblement longue. Elle vous donnait tout le loisir de multiplier les erreurs, et vous laissait si peu de temps pour les réparer.
Désormais, c'était sur Facebook que l'on apprenait la mort des gens.