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Critique de Sallyrose


Adolescents dans une ville sans avenir, quatre petits voyous sans grande envergure deviennent la bande de motards qui fait peur aux bourgeois et irrite la police locale. Ils viennent tous d'un milieu social difficile qui connait autant le manque d'argent que le manque d'amour.
Un jour, ils décident de quitter Providence (au doux nom évocateur) pour partir à l'aventure, pour fuir la misère et le mépris. L'issue sera dramatique.
Le narrateur est l'un de ces adolescents qui à travers un lyrisme empreint parfois de cynisme raconte sa course à travers le pays, ses rencontres, son passage par tous les stades de la délinquance, son amour viscéral pour sa moto. Mais surtout, et c'est toute la beauté de ce roman, sa rage et son rejet de la société s'expriment à travers une sensibilité à fleur de peau, une lucidité sur la société qui fait se questionner le lecteur confortablement installé dans son fauteuil.
Le style est celui du langage parlé mais le vocabulaire est toujours juste. Certaines assertions sont drôles, poétiques, toujours d'une vibrante justesse.
« Les gens diront qu'on faisait ça pour se donner bonne conscience, et qu'au final, voler, c'est voler, et c'est sans doute vrai par ailleurs, n'empêche que nous on n'a jamais volé un pauvre et que l'État peut pas en dire autant. »
À propos de la lecture, « (…) il me faisait découvrir des auteurs qui savaient mettre tout plein de mots qui coupaient dans mon ventre, et alors ça faisait du bien de saigner un peu. »
« Dans la vie, je crois qu'il vaut mieux montrer ses vrais défauts que ses fausses qualités. Vaut mieux surprendre que décevoir. »
Ils rêvaient de liberté, les cheveux aux vents sur leur terrible engin (BB/SG), ils n'ont pas compris que la liberté c'est d'être indépendant et qu'il faut être courageux pour gagner son autonomie.
« - (…) Après, peut-être qu'on fera le tour du monde dans les deux sens. On ira là où il y a de l'aventure et de la liberté, quoi.
- La liberté, il y en a partout. Il faut juste avoir le courage de la prendre. »
Ce n'est donc pas cet aspect qui m'a fait frissonner.
En revanche, quelle belle histoire d'amitié et de loyauté dont le pendant bien sûr est la trahison. Mais qu'elle est profonde cette confiance qu'ils partagent. Et c'est sans doute dans ce qui les unit qu'elle se trouve cette liberté, celle d'aimer sans arrière-pensée, cette capacité à fraterniser autour de valeurs qui prônent la solidarité, l'entraide.
Mais l'auteur n'est pas dupe, même si le lecteur a terriblement envie de le devenir.
Les dernières pages sont aussi glaçantes qu'inattendues. Il m'a fallu plusieurs jours pour digérer ce texte et il est certain qu'il me hantera pendant des mois.
Oubliez le sujet, ne faites pas la moue en pensant qu'une histoire de petits délinquants ne vous intéresse pas, laissez tomber vos préjugés sur le bien et le mal.
Lisez ce roman, vous serez bouleversés.
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