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Critique de Allantvers


Saxonne et Billy : Que voilà un magnifique couple littéraire ! D'une vitalité vivifiante, authentiques, gorgés d'amour et de foi en eux-mêmes, ces deux magnifiques et vigoureux jeunes gens se trouvent, s'accordent, se complètent : elle, la petite blanchisseuse (un des métiers qu'exerça London) vive, pleine de bon sens, fidèle et entière ; lui, le charretier, ancien boxeur, portant avec simplicité sa force tranquille.
Elle la tête, lui les jambes, ils activeront ensemble leur formidable capacité d'adaptation et de confrontation à l'adversité pour s'arracher au milieu mortifère de la baie d'Oakland - San Francisco où le petit peuple prolétaire ne peut que survivre, asphyxié par les baisses de salaire et les grèves organisées par les grands syndicats, afin de partir, sur les pas de leurs parents pionniers, chercher leur Eden jusque sur la lune.

Etonnant que ce roman de l'ami Jack ne soit pas plus connu, car il y a tout London là-dedans : l'énergie de la jeunesse ouverte à l'aventure, le choix de la vie vagabonde contre l'asservissement par le travail ; le pamphlétaire politique fustigeant les « malins » qui dirigent et corrompent, l'exaltation de la force, vitale, brute ou domestiquée par le savoir; le savoir-être, le savoir vivre et la débrouillardise des petites gens, la charge contre le climat délétère de la ville contre la vitalité de la nature ; même la mer est présente quand Saxonne sans le sou va ramasser des coquillages sur la plage et qu'elle rencontre le jeune pêcheur qui lui fera entrevoir « qu'Oakland n'est qu'un point de départ » ; il y a aussi de ses aspects plus sombres, voire un peu nauséabonds avec un patriotisme exacerbé jusqu'au racisme, mais aussi ce mépris larvé des faibles.

Ce qu'il y a d'étonnant avec cette « Vallée de la lune », publié en 1913 trois ans avant sa mort, où comme dans ses autres romans on retrouve ou imagine la présence de London lui-même et de son incroyable vie, c'est son propos d'un positivisme exalté, presque mièvre, état d'esprit auquel l'auteur ne nous avait pas habitués. C'est aussi un formidable témoignage sur le contexte socio-économique californien du début du 20ème siècle et sur la génération des enfants et petits –enfants des pionniers américains, porteurs des valeurs et aspirations de leurs ascendants partis conquérir le grand Ouest mais vivant dans une société radicalement changée.

Bref c'est une pépite ! en toute subjectivité, car je chéris Jack London au-delà du raisonnable 
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