AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Gruizzli


J'ai un gros, un très gros faible pour Jack London, alors je ne serais bien évidemment pas objectif dans mon éloge. Car j'adore sa philosophie, sa façon de voir le monde entre ceux qui luttent et ceux qui se laissent couler. Sa vision d'une humanité qui ne peut que faillir lorsqu'elle vit entassée, et qui ne sait s'exprimer que dans l'épanouissement personnel, à la fois physique et mental. Bref, j'adore le bonhomme avant d'adorer ses écrits.

Mais la vallée de la lune, c'est aussi un roman qui m'a surpris par son ton. J'ai presque dévorée l'intégralité des livres de l'auteur, alors je me suis retrouvé comme deux ronds de flan lorsqu'il décide de faire de ses personnages ce qu'il en a fait. Déjà, une histoire qui finit aussi bien c'est rare, mais en plus en prenant le temps de faire évoluer ses personnages à travers des clichés racistes ("nous autres américains sommes mieux que ces immigrés") qui les obligeront à plus d'humilité, mais aussi une critique forte de la classe ouvrière qui se rebelle sans savoir comment, de la vie des villes et surtout la critique de la misère intellectuelle. C'est le principal ressenti que j'ai eu à ma lecture, dans laquelle j'ai cru voir une sentence envers ceux qui refusent de réfléchir. Et l'idée n'est pas tant de lire, apprendre ou s'instruire, que de réfléchir avec ce dont on dispose : vous avez un cerveau, servez-vous en. Et à ce niveau, les deux personnages principaux seront les images de cette idée, développant un apprentissage qui les conduira jusqu'à l'humilité et la volonté farouche d'apprendre. C'est mené d'une main de maitre par un Jack London qui reprend certains thèmes dont il a fait ses chevaux de bataille (rien que sur les luttes ouvrières, la misère ou l'attachement à la Californie et à la terre).

Mais ce livre, c'est aussi pour moi la découverte de l'absurdité des hommes. Sans doute l'auteur ne l'avait-il pas encore prévu, mais lorsque j'ai lu ce livre, après les années 2000, je me suis rendu compte qu'on y trouvait dedans une réflexion sur la perma-agriculture (et qui date donc d'il y a 100 ans maintenant ...), sur l'évolution sociétale des ouvriers et les colères du peuple d'en bas (pour reprendre l'expression de Jack London), tout autant que l'intérêt d'apprendre des autres cultures et de la valeur de la tolérance pour tout le monde. Bref, tout ces thèmes qui reviennent aujourd'hui en boucle et dont on trouve les anti-thèses dans tout les journaux et les médias. L'humain est-il donc à ce point incapable d'apprendre d'un auteur qui était pourtant déjà célèbre à son époque ?
La lecture de ce livre n'est pas sans heurts, surtout au niveau du style de Jack London qui est parfois lourd, ou de certaines réflexions/morales qui peuvent surprendre aujourd'hui, le temps ayant fait son oeuvre. Mais pour autant, le coeur de la critique et de l'ouvrage est intact. Il passe dans ce roman une réflexion sur le monde que nous voulons bâtir et laisser à nos enfants, et c'est un sujet qui est d'autant plus d'actualité aujourd'hui. Il deviendrait presque urgent de lire ce genre de livre et de réfléchir à ce que nous avons accomplis comme progrès depuis cent ans, parce qu'à sa lecture je me suis demandé si nous n'avions pas stagné philosophiquement parlant.
Commenter  J’apprécie          31



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}