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Critique de LeScribouillard


[Cette critique est extraite de l'article "TUGPÉUA #29 Spécial meh"]

Et pour rester sur les cocos étasuniens, que diriez-vous de redécouvrir l'oeuvre de Jack London ? En effet, on se souvient de lui comme d'un auteur de romans d'aventures, on se rappelle aussi éventuellement son grand récit social Martin Eden ; ce qu'on sait moins, c'est qu'il était aussi un auteur très très très à gauche et le premier à imaginer une dystopie.
Au XXVIIIe siècle, une utopie internationale s'est construite, la Fraternité de l'Homme. Mais avant sa construction ont précédé des siècles de violence et de totalitarisme : le régime du Talon de Fer. Se penchant sur sa genèse, des universitaires exhument ainsi un manuscrit racontant ses débuts, qu'essaye d'enrayer le philosophe socialiste Ernest Everhard…
D'emblée, nous avons un objet littéraire très innovant : le récit nous est présenté comme un document historique, le présent de l'auteur se faisant annoter par les chercheurs du futur dont on devine en creux une culture bien différente. Plus encore, en 1906 seulement, London prédit le totalitarisme, le maintien des privilèges d'une classe dominante grâce au fascisme, le capitalisme se dirigeant vers toujours plus de monopole, la société de consommation chargée d'endormir un prolétariat trop excité. Utopie, dystopie, anticipation, faux document scientifique et critique philosophique et sociale se mêlent donc dans ce roman particulièrement ambitieux.
Seulement voilà, les grands esprits des sciences humaines étant eux-même prisonniers des déterminismes de leur époque, Jack London est avant tout un énorme brocialiste : son seul personnage féminin sert simplement de réceptacle aux préceptes dispensés par celui principal. Les autres n'ont d'ailleurs pas une psychologie bien plus élaborée, le livre reprenant tous les défauts d'un roman de hard-SF où des monologues d'exposition interminables arrivent en permanence au détriment d'un récit rythmé. L'action ne commence vraiment qu'à la moitié du livre, et ne se presse vraiment que dans les tout derniers chapitres. Cela n'empêchera pas l'ouvrage d'avoir une certaine postérité, Trotski le citant comme le seul roman qu'il aimait. Pour ma part, je trouve que c'est un bouquin à la fois génial, visionnaire et terriblement chiant.
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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