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Critique de Eric76


« Alors, tu te souviendras peut-être, en lisant ces lignes, de choses oubliées (car l'oubli t'est venu depuis), de visions indécises et brumeuses, qui ont passé devant tes yeux d'enfant et qui, aujourd'hui, ne t'apparaissent plus que comme des rêves… »
Darrel Standing est sans haine, car il a rejoint l'immensité des siècles grâce au sadisme et à la méchanceté imbécile de ses geôliers. Oh ! Ils peuvent le laisser croupir une éternité dans les ténèbres d'un cachot, le torturer encore et encore en le ficelant dans une camisole… L'esprit de Darrel est ailleurs ! Pour échapper à cet enfermement, à toute cette souffrance endurée, il a quitté depuis belles lurettes son misérable corps, cette enveloppe charnelle martyrisée devenue inutile, pour vagabonder parmi ses vies antérieures, picorer de-ci de-là dans ces existences qui furent les siennes ; des existences flamboyantes ou ternes, trop brèves ou trop longues, toutes emplies de joies, de haine et d'amour, avec comme unique fil directeur cette « colère noire », désobéissante, immaîtrisable, qui valut à Darrel une condamnation à la prison à vie pour crime passionnel…
Un roman plein d'espérances malgré la violence quotidienne subie par notre héros. A n'en pas douter, Jack London a raconté l'histoire d'un Saint (si peu chrétien…). Darrel a compris que sa vie n'était que la somme de toutes celles de ses innombrables aïeux. Après maints tâtonnements, son esprit s'est affranchi de son corps pour les rejoindre, et atteindre l'immortalité.
Un roman fort, lumineux, sombre, brutal, qui m'a laissé pantois…
C'est aussi une dénonciation implacable de l'univers carcéral américain en ce début du XXème siècle (Jack London qui fut emprisonné pour vagabondage le connut). A sa parution, le livre eut un tel retentissement que l'administration pénitentiaire américaine fut contrainte d'interdire l'effroyable pratique de la camisole.

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