AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Erik35


Boxe ! Boxe ! Boxe !

On ne peut s'empêcher de se remémorer la célèbre chanson de Claude Nougaro en lisant et, pour l'une d'entre elles, redécouvrant, les deux nouvelles proposées par les éditions Libretto dans ce recueil intitulé "Sur le Ring".

Pour qui connait un peu la vie de Jack London ne sera pas surpris de cette thématique, notre aventurier ayant lui-même pratiqué le "noble art" en amateur, rédigé quelques compte-rendus de presse à l'occasion de grandes rencontres, et écrit une autre nouvelle, terrible, présente dans son volume le diable en rit encore, intitulée "pour un steak".

La première des deux nouvelles présentée là conte l'histoire d'une rencontre amoureuse a priori impossible entre une jeune fille timide, d'un milieu simple mais honnête, et d'un jeune Apollon, bien timide lui-aussi mais qui a l'horrible défaut de pratiquer l'art sulfureux et pas sans danger de la boxe. L'amour viendra se mêler de la rencontre. Pour le meilleur, pense-t-on... Jusqu'au drame, atroce, net et vif comme un uppercut.

Dans la seconde, London nous narre, non sans quelques notes d'humour disséminées tout au long du texte, l'histoire d'un véritable jeune Hercule, fils d'un ancien champion de boxe proche de la mort, et que ce dernier confie à un agent, sous la condition expresse que cet agent ne se prête à aucune des habituelles magouilles et autres traficotages communs au monde sulfureux de la boxe en son aube. Las ! le jeune champion est trop doué, trop rêveur -poète même- pour se rendre compte que son agent se fait un argent fou sur son compte. Jusqu'au jour où arrive LA FEMME, celle dont on est absolument certain, en quelques coups d'oeil, en un serrement de main, de rares mots échangés dans le cadre d'une simple interview pour la presse sportive, celle dont on sait qu'elle sera notre comme nous serons sien.

Après une brève, belle mais tragique première histoire d'amour sous fond de passion du ring, London présente dans cette seconde tout son art. Ecriture vive mais jamais simple, phrases rapides même lorsqu'elles se développent, personnages attachants auxquels on croit dès les premiers mots, le tout dans le décor d'un sport naissant à l'époque mais qu'il affectionnait tout particulièrement, sans oublier une virulente mais saine critique sociale, l'auteur de le Talon de fer comprenant déjà comment le monde de l'argent, du jeu, de la pègre et des institutions entremêlées étaient sur le point de confisquer la pratique sportive le plus directe, la plus physique et virile qui soit, pour son principal profit et au détriment des simples spectateurs passionnés mais naïfs. London entrevoit, bien avant toutes les affaires que l'on a connu depuis, ce qu'il allait advenir du monde du sport-spectacle, et pas que le meilleur.

Une fois n'est pas coutume, c'est donc avec maestria que Jack London nous donne à lire deux vrais régals de création. A lire, même lorsqu'on ne connait rien à la boxe, même si l'on ne goûte guère cette pratique.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}