Dès son évacuation de l’avion à l’aéroport international de Ngoma-Ngoma par une voie différente de celle que devaient emprunter les autres passagers, quatre sbires de l’AND interceptèrent Léopold Mwana Malamu avec brutalité. Ils le forcèrent à les suivre jusqu’à la Mercedes noire qui était garée non loin de l’avion. Après l’avoir contraint à monter dans leur véhicule, le conducteur démarra en trombe. Le crissement de pneus n’attira l’attention de personne, la scène étant habituelle sur la piste d’atterrissage de cet aéroport.
Tout demandeur d’asile, semblait ignorer à dessein l’administration française, est présumé réfugié politique jusqu’à preuve du contraire. En conséquence, les juges du fond ne sauraient reconnaître la qualité de réfugié au vu seulement de la position de l’OFPRA ou de son silence, dès lors qu’un texte supérieur à la loi nationale les invite à considérer que le réfugié est la personne qui se trouve dans les conditions matérielles définies par la Convention de Genève de 1951. Il ne doit pas être considéré simplement comme le requérant qui se veut reconnaître un statut par l’administration nationale.
En situation irrégulière, un arrêté de reconduite à la frontière a été effectivement établi contre toi afin de permettre à la police ton renvoi, dans la légalité, vers la République de Zamba. Tu disposais de vingt-quatre heures pour faire appel de cette décision auprès du tribunal administratif de Paris. […] Deux heures plus tard, on t’a fait monter dans une fourgonnette de la police. Le panier à salades. Il t’ont fait le coup de la visite des lieux touristiques de Paris, avant l’embarquement à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. Un peu d’humanité aurait pu éviter pareil cynisme. Les agents de l’ordre ont recouru à la force pour te faire embarquer dans l’avion.
Tu venais, mon cher Léopold, de recevoir l’arrêté d’expulsion qui avait été délivré par la direction générale de la préfecture de police de Paris. Ce document te spécifiait de prendre, dans un délai de trente jours, les dispositions nécessaires pour quitter le territoire français. Un mois. Pas plus. Ne voulant plus du tout retourner dans notre pays d’origine, en l’occurrence la République de Zamba, par crainte d’y subir des persécutions, tu devais effectuer quelques démarches administratives. Tu as tenu à exposer ta situation à une assistante sociale d’un organisme qui avait été créé par des parpaillots, et qui était situé dans le septième arrondissement, en vue de s’occuper des demandeurs d’asile. Une intervention devait à tout prix mettre un terme, dans l’urgence, à l’arrêté préfectoral.
Le Directeur de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides informe Monsieur Léopold Mwana Malamu, demeurant à Paris 18ème, qu’il n’a pas apporté de commencement de preuve de nature à établir qu’il se trouve personnellement dans l’un des cas prévus par l’article 1er paragraphe 2ème de la Convention de Genève. […] En conséquence, sa demande en date du 21 novembre 1984 tendant à cette fin est rejetée.