Des spécialistes en balistique affectés à la sécurité de la chancellerie, s’étaient occupée de l’investigation. Celle-ci fut apparaître que la balle, qui avait touché l’ambassadeur, fut la dernière d’une rafale ayant été tirée selon une diagonale montante. L’énoncé des faits reposait sur les témoignages visuels du personnel de la représentation française. Corroboré par le relevé des impacts de balles, il fut néanmoins très ambigu. Il laissa apparaître que les tirs en direction des locaux de l’ambassade furent effectués dans le feu de l’action par plusieurs types d’armes automatiques sans qu’il se soit agi d’un acte délibéré, à connotation politique, visant Son Excellence en qualité de diplomate. Joli jargon diplomatique qui consistait à dire les choses, tout en ne les dévoilant pas forcément.
Suite aux grandes transformations auxquelles seraient contraintes les relations internationales à la fin de l’année 1989 avec l’effondrement du bloc de l’Est et la réorientation des politiques européennes d’aide au développement, désormais soucieuses de promouvoir la bonne gouvernance et le respect des droits humains, les Occidentaux estimeraient obsolète le rôle de la République du Zaïre comme rempart du capitalisme contre le communisme à la fois en Afrique centrale et orientale. Ainsi le maréchal Mobutu finirait-il par devenir un allié encombrant, voire pestiféré, au regard de l’opinion publique internationale.
En ayant comme référence le spectacle en cours au Bobongo, Kinshasa ressemblait complètement à la ville de Berlin en pleine débauche, mœurs qui préparèrent – de manière inconsciente pour les uns, mais délibérée pour les autres – la prise du pouvoir par Adolf Hitler et le Parti national-socialiste. À une différence près, en République du Zaïre, la dictature était déjà au pouvoir. Sauf si les nazis se trouvaient dans la capitale zaïroise pour apporter leur savoir-faire aux tortionnaires du maréchal Mobutu, ce dernier étant aussi appelé Mobutu SS.
La porte finit par s’entrouvrir sur l’impressionnant Bifos Munduki, son visage affichant la mine de papier mâchouillé. Ses yeux rouges se posèrent avec dureté sur les deux hommes qui se tenaient en face de lui. Assuré qu’il avait réellement affaire à July Cuivre, même s’il ne connaissait pas, a priori, le quidam qui l’accompagnait, il ouvrit la porte et s’effaça. La gestuelle corporelle qu’il exécuta s’accompagna d’une prière.
Ils n’avaient nullement le besoin d’abattre une douzaine de personnalités, dont le président hutu du Burundi voisin, réagit l’ambassadeur de France. Au courant des faits et gestes de Juvénal Habyarimana, ils auraient pu sans aucune difficulté l’éliminer individuellement, par exemple sur la route bordée de bananeraies qu’il empruntait tous les jours pour rallier Kigali, à partir du camp présidentiel de Kanombé.
Monsieur Lonsi Koko, en quelques images (2/2)