Quand on annoncé la nouvelle, ma mère s'est écroulée par terre. Du jour au lendemain, elle a cessé de parler, de s'alimenter, de faire ses besoins. Les docteurs lui ont diagnostiqué un choc post-traumatique fulgurant. Ma petite maman s'est alors transformée en ectoplasme. Il fallait la nourrir à la cuillère, lui donner de la mousse de sucre de canne ou de la mie de pain trempée dans du lait, comme à un oisillon, et la changer comme un bébé. Elle avait besoin de quelqu'un auprès d'elle en permanence, jour et nuit. C'est alors que je me suis rendue. Que je me suis sacrifiée. Je ne pouvais accepter que le lion mange tout le troupeau. Qu'en aurait-il été de ma vie, de nos vies, si je ne m'étais pas rendue ?
Le prix de la paix est exorbitant....
Les vieilles sœurs manquaient toujours d’argent, au point de n’avoir qu’un seul dentier pour deux, qu’elles utilisaient à tour de rôle. Le lundi, le mercredi et le vendredi, Patria déjeunait en premier ; le mardi, le jeudi et le samedi, c’était Norma. Le dimanche, elles mangeaient de la purée de haricots et le dentier restait à tremper dans un verre d’eau.
I learned women who don’t raise their voices when men behave badly are as bad as they are.
Ma mère me disait souvent : "Quand on né sous une bonne étoile, il faut être reconnaissant." Et je crois que personne n'était né sous meilleure étoile que la mienne.
Quel était le protocole pour regarder la télévision ? Fallait t'il s'apprêter comme lorsqu'on allait au théâtre ou à l'opéra ? Pouvait-on la regarder dans ses vêtements normaux, ou même en robe de chambre, comme on écoutait la radio chez soi ?
"L'Etat est corrompu et nos hommes politiques sont tellement débiles que si tu les mets à quatre pattes, ils broutent, me disait-elle souvent. Ce serait mieux s'ils avaient un peu plus de dignité et un peu moins envie de piquer dans les caisses".
Dans la vie, on a tous des soucis. Des soucis de santé, d'argent ou d'amour qui sont plus ou moins graves. Même les rois ne sont pas vaccinés contre le malheur. Cette dame en robe verte fascinée par les rouges à lèvres Revlon, par exemple, peut-être avait-elle une mère malade à charge ? Et ce monsieur qui essayait des Borsalino, peut-être détestait-il son travail ? Chaque client entrait avec sa peine : un ongle cassé ou une maladie incurable, un chagrin d'amour ou un bleu quelconque à l'âme. Mais le temps d'une visite à El Encanto - pour acheter un costume à mille pesos, une babiole à quelques centimes ou simplement flâner -, ils oubliaient un instant leurs tracas. C'était là toute la magie des grands magasins.