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Critique de Luxi


Voici un roman que je rêve de découvrir depuis sa sortie puisqu'il évoque un pays dont je connais très peu l'histoire – la Corée – et un pan de la Seconde Guerre mondiale que je maîtrise mal. Ce fut un bonheur de combler ces lacunes avec la plume de François-Guillaume Lorrain.
Je ne résumerai pas le livre, d'autres l'ont très bien fait avant moi. Je dirai plutôt que j'ai tout aimé : l'histoire, l'écriture, les valeurs délivrées. J'ai aimé la façon dont Kee-Chung découvre son « don », lors d'une scène bouleversante de courage et d'audace initiée par son frère aîné – héros qui m'a beaucoup émue, même s'il disparaît bien trop tôt. On assiste avec admiration aux tout premiers exploits de Kee-Chung, puis à son véritable entraînement grâce à l'aide d'un professeur à la sagesse splendide.
L'écriture de l'auteur est fluide, élancée et aérienne, à l'image du coureur qui vole presque au-dessus du sol, puis se fait soudain plus rebelle, insoumise et têtue. Les chapitres sont courts, on se dit : « un dernier chapitre et puis j'arrête » et finalement on dévore les pages les unes après les autres et on ne lâche plus le livre.
Parce qu'on veut savoir. Parce que les personnages sont attachants, majestueux dans leur combat. Parce que cette histoire est aussi terrible qu'elle est lumineuse.
Ce roman m'a donné l'envie d'en apprendre plus sur Kee-Chung, d'apposer les traits d'un visage sur son prénom, de m'approcher encore plus près de sa finesse d'esprit et de sa force grave. Quelle beauté que cet entêtement pour son pays, ce refus de laisser le coréen Kee-Chung disparaître derrière l'athlète japonais Kitei Son. Quels dilemmes il a affrontés, quelles colères il a ravalées.
Pour mieux concevoir sa détresse, j'ai tenté d'imaginer ce que j'aurais ressenti si j'avais été un marathonien français pendant l'Occupation et que j'avais dû courir sous les couleurs du drapeau allemand. Cette pensée m'a été insupportable. J'ai compris ce qu'avait souffert Kee-Chung. Rejeté dans son identité. Falsifié. Déguisé. Un pays est bien plus qu'un état : c'est un étendard. Un peuple. C'est un berceau.
Et cet homme révolté, ce meneur, cet acharné magnifique, on le suivra jusqu'à la fin de sa vie, une vie stupéfiante qui ne se sera malheureusement pas allégée après les Jeux de 1936. Des épreuves et des victoires, il en verra d'autres…
C'est un très joli roman en hommage à la Corée, un exemple de persévérance et de combativité. Un beau roman pour devenir grand, pour rester intègre et battant, pour garder toujours en soi le courage de se dresser contre ceux qui tentent de nous asservir. Je ressors extrêmement touchée par la puissance, la pudeur et l'intensité qui emplissent ces pages. C'est un livre qui élève, qui grandit, qui encourage, qui endurcit. Un livre qui vous soulève, vous épaule et vous réveille. Quelques semaines avant les présidentielles, je crois que c'est une lecture parfaite !
Merci aux éditions Sarbacane et à Babelio pour cette superbe leçon de courage.
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