J'étais très curieuse de lire ce roman qui a fait scandale. Paru en 1886, c'est le premier livre de
Jean Lorrain que je lis. Quand on y met les formes, on peut dire qu'il était considéré comme un talent original à l'esprit caustique. C'était plutôt un écrivain scandaleux de la Belle Époque qui s'était créé un personnage fréquentant les cabarets et bals costumés, de Montmartre au quartier Latin, vêtu de costumes outranciers.
Avec « Très russe », il saisit l'occasion d'exercer une vengeance littéraire contre
Maupassant qui était épris de la même femme que
lui. Il dresse donc un portrait de son concurrent qui m'a plutôt fait rire même si j'adore
Maupassant. Il
lui taille un costard comme on dit. Ceci-dit il faut le savoir car il n'y a pas beaucoup d'indications pour le reconnaître. Mais il semblerait que
Maupassant n'ait pas du tout apprécié.
L'histoire raconte l'amour d'un poète, Allain Mauriat pour une jeune beauté mariée à un russe (d'où le titre) qui le fait languir et le mène par le bout du nez. le narrateur est une tierce personne, l'ami du poète qui est peintre.
Ce roman a quelque chose de théâtrale et, sans être un duel, il raconte une sorte de combat de coq. Car
Jean Lorrain fait état tout au long de son livre de la rivalité humaine et amoureuse que j'ai évoquée, celle de deux hommes, Beaufrilan, alias
Maupassant, et Mauriat, alias Lorrain, comprenez aussi leur rivalité littéraire, avivée cet été-là par la présence à Yport de la belle Madame Livitinof.
Nous sommes en Normandie à la belle époque et j'ai aimé ce portrait de société au temps de l'insouciance et des bains de mer mais ce que j'ai préféré ce sont les lieux et notamment la maison mauresque qui sort tout droit de l'exposition universelle.
Et puis, qui dit poète dit poèmes et il en a de très beaux tout au long de l'histoire.