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Critique de Eric76


Eric76
28 septembre 2015
« J'ai tout essayé, tout éprouvé… Au fond des forêts du Siam, j'ai vu l'étoile du soir se lever sur les ruines de la mystérieuse Angkor… »
Voir Angkor ! Un rêve de gosse pour Pierre Loti. Une manière aussi de saluer le grand frère mort à Saigon, si loin des siens.
Angkor sera l'ultime périple de Pierre Loti, insatiable bourlingueur de ce début du vingtième siècle, avant de retourner à Rochefort, sa ville natale, pour y finir ses vieux jours.
Nous sommes en 1901, et Pierre Loti nous invite à visiter les ruines colossales à travers tous ses sens. Nous verrons le village de Siem-Reap avec ses huttes sur pilotis, puis Angkor-Vat, Angkor-Thôm, et pour finir le temple du Bayon… Nous allons pénétrer dans l'inextricable forêt vierge à dos d'éléphant. La chaleur moite y est accablante. Nous sommes assaillis autant par des odeurs capiteuses et étourdissantes que par des nuées d'énormes insectes. Les arbres sont immenses. Les tours fabuleuses apparaissent enfin. Elles ont beau être gigantesques, elles n'en sont pas moins recouvertes par la forêt. Nous marchons à travers ses ruines, gravissons des escaliers abrupts gardés par des démons au rictus de pierre. Les bouddhas sont étrangement placides, leurs sourires énigmatiques. Nous sommes captivés par la grâce aérienne des Apsaras. C'est à la lueur des torches et sur la pointe des pieds pour ne pas troubler le sommeil de ces milliers de chauves-souris accrochées au plafond que nous suivons cette grande fresque qui révèle « une mêlée inextricable de guerriers qui gesticulent avec furie » : c'est toute l'histoire du Ramayana qui est retranscrite sur ces murs noirs. Mais la nuit tombe sans crier gare. Dans ce pays, le crépuscule est si bref qu'on le remarque à peine ; il faut rentrer à la hâte au campement car l'heure du tigre approche.
Un bien beau récit, empreint d'une grande nostalgie. Je ne peux pas m'empêcher de penser que Pierre Loti, arrivé au crépuscule de sa vie au moment où il écrit ces lignes, fait un parallèle entre ses ruines majestueuses et ses illusions perdues.
Il tient des propos d'un grand respect vis-à-vis de l'immémoriale Asie, et lucide au regard de ces grandes civilisations, arrogantes au point de se croire immortelles et qui s'effondrent d'un coup, leurs vestiges ne laissant qu'une « mince cicatrice sur la surface de la Terre ».

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