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Critique de Cigale17


Nous sommes en 2224. Après le Grand Effondrement, la civilisation que nous connaissons aujourd'hui n'est plus. Une des préoccupations majeures de la nouvelle société, c'est de tenter de survivre au mieux malgré les ravages d'un terrible réchauffement climatique, et ce, avec très peu d'énergies fossiles. Pour y arriver, on recycle presque tout. Il est logique que cette société modèle dans ses pratiques énergétiques ait aussi éradiqué toutes formes de violences : plus de meurtres, plus de racisme, en bref, plus de violences physiques, psychologiques ni sexuelles. La société s'est transformée : beaucoup d'hommes et de femmes sont devenus stériles et la baisse drastique le la population demande des ajustements. Pour tenter de conserver un ratio acceptable dans la population, à 50 ans, les femmes sont « retirées ». Ainsi les hommes capables de se reproduire pourront féconder une femme plus jeune. Mais ce Grand Recyclage, qu'est-ce que c'est exactement ? où vont les femmes qui ne peuvent plus se reproduire ? Eh bien, Maya, une IA extrêmement performante et incroyablement compétente, promet à toutes les Retirées un avenir radieux, une vie idyllique dans le domaine des Hautes-Plaines… Vraiment ?
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La narratrice des chapitres en italique, les seuls numérotés, s'appelle Rachel. Elle est sur le point d'être retirée et se pose forcément beaucoup de questions. Elle commence à nous raconter son enfance, sa soeur autiste, son père Charlus, qui a eu des jumeaux avec sa troisième compagne, Keen, son compagnon, leurs enfants Neo et Sky. Elle nous apprend aussi assez rapidement que, si on veut, on peut se retirer avant l'heure volontairement, et choisir un suicide assisté. C'est ce qu'à fait Marie, sa mère, en toute conscience. Tous portent un BMH, un Bracelet Modérateur d'Humeur dont le petit écran leur donne des renseignements sur les émotions qu'ils éprouvent et qui prend en charge leur modération… On suivra Rachel dans ses souvenirs, pas toujours chronologiques, puis nous l'accompagnerons au présent et nous partagerons ce qu'elle est en train de vivre.
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En choisissant les titres des six parties de ce roman d'anticipation doublé d'une enquête sur des meurtres, Sophie Loubière nous raconte déjà une histoire : Conditionner, Retirer, Collecter, Trier, Réduire, Recycler… Je ne sais plus où j'ai lu qu'une dystopie, c'était somme toute une utopie entièrement réalisée. Voilà une définition qui semble parfaitement convenir à Obsolète : une société en apparence idéale, où tout a été pensé pour une vie en collectivité, un bonheur sans nuage au sein d'une communauté altruiste et bienveillante. C'était le projet de départ qui, réalisé, ne s'apparente guère au monde parfait dont les humains avaient rêvé. Obsolète est à mon avis un bon roman qui pose des questions essentielles et qui met en lumière les terribles résultats de nos aveuglements contemporains. Sophie Loubière s'attache à traiter de nombreux thèmes (trop sans doute)  scolarité et mentorat, vie familiale, supériorité du collectif sur le particulier, etc. Ce qui m'a le plus intéressée, c'est la vision volontairement tendancieuse du rôle des femmes. L'autrice ne cesse de souligner les contradictions entre ce que la société impose à ces femmes : faire comme si elles étaient libres et agissaient par choix pour le bien de la collectivité, alors qu'elles sont formatées pour suivre une voie toute tracée, finalement un peu comme dans les années cinquante. Les costumes conçus par Charlus concrétisent cet incroyable retour en arrière… Si j'ai bien aimé ce roman, je regrette de nombreuses longueurs, des passages extrêmement détaillés qui n'étaient pas nécessaires à la compréhension et qui viennent souvent casser le rythme de la narration.

[Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de ELLE]
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