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Critique de FrancoMickey


Sans révolutionner le genre, Jérôme Loubry parvient à se démarquer de la concurrence grâce à une plume raffinée plutôt rare dans le paysage du polar et, en toute logique, plus qu'appréciée ici. Dès les premières pages, le style très métaphorique aux notes terriblement sombres vous prend aux tripes en même temps qu'il grise votre admiration pour notre chère langue de Molière. le postulat de base déjà redoutablement poignant en soi - l'enlèvement et le meurtre d'enfants - s'en retrouve ainsi doublement puissant.

S'il est une chose qu'on ne peut enlever à l'auteur, c'est sa remarquable volonté et l'exercice associé admirablement réalisé. Il distille son récit de main de maître avec une construction magistralement menée oscillant entre deux époques intimement liées et pourtant si éloignées dans l'espace-temps. L'alternance des temporalités est subtilement manoeuvrée de sorte à maintenir le lecteur dans un brouillard nébuleux tout en veillant à ce que jamais il ne se perde dans les méandres de cette sordide histoire. Bien entendu, ce délicat et éminent dosage vous délivrera une chute des plus ébouriffantes et de facto galvanisante pour le lecteur avide de sensations que nous sommes tous quand on s'engage sur la voie du polar.

Si ce tableau ô combien prometteur semble parfait à première vue, le romancier manque de peu l'excellence. A trop vouloir se concentrer sur la psychologie de ses deux personnages principaux, il en oublie malheureusement un peu (trop) celle des enfants, vecteur majeur d'empathie rappelons-le. Ce manque de développement se ressent notamment car Jérôme Loubry amorce une trame centrée sur les chérubins sans jamais l'aboutir, nous laissant littéralement sur notre faim et en proie à la frustration.

Mais on pardonne aisément à l'écrivain cette maladresse tant son livre se montre redoutable et efficace même si effectivement l'émotion n'atteint jamais le paroxysme recherché. Vous l'aurez donc compris, si vous êtes à la recherche d'un féroce page turner, laissez-vous embarquer dans les dédales poisseux d'une Détroit souillée et déchue afin de vivre un très bon moment de lecture, parfaitement indiqué pour un weekend pluvieux, confortablement enroulé dans un plaid bien chaud au creux d'une ambiance ouatée. Cela tombe bien, l'automne approche.
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