AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Codronjosette


« OLYA, un roman de Michel Louyot, qui se lit et se relit… »
Envoûtant, dépaysant, subtilement mené, il fait dialoguer plusieurs civilisations …les mystères et silences qui le ponctuent créent une atmosphère onirique qui vous transporte en ces mondes lointains, et houleux, Japon, Corée, Chine et même Russie ! Jamais didactique, sa lecture est une constante découverte poétique et délicatement philosophique.
On sent que l'auteur connaît le Japon sur le bout des doigts. Un intéressant glossaire clôt les dix huit courts chapitres organisés tel un puzzle. Pièce par pièce, le monde romanesque s'organise du passé au présent et du présent au passé.
Le livre s'ouvre sur un quai de gare à Paris. le narrateur attend et observe…En mémoire, une précieuse carte postale, miraculeux vestige du passé légué par sa grand mère. La gare de Harbin au nord est de la Chine. Paris et la Chine et le Japon soudain se superposent et se confondent…Sur le quai de Harbin, une svelte femme à l'hermine fait se ranimer les ombres d'un passé récent et la promesse d'un vague rendez- vous à Paris cet hiver .
Un train de Moscou sur la carte postale, un homme à casquette, on dirait le poète Essenine…il ressemble à ce Levchenko dit Sacha, l'étranger, le gaijin comme l'appelaient les japonais lorsque pour la première fois, le narrateur l'a rencontré …
Le ton est donné plutôt qu'une histoire linéaire, Michel Louyot, fait se croiser, se rencontrer et se quitter différentes personnes qui livrent au lecteur curieux, furtivement leur secret.
Atmosphère impressionniste, vibrant et subtil hommage aux tableaux du peintre Mikhaïl Vroubel et à la lointaine et secrète Russie, aperçue, enfant, dans les brumes, main dans la main du grand père.
Si, comme l'affirmait Henri de Régnier, « toute oeuvre digne de ce nom est le dénouement d'une obsession » OLYA est une oeuvre magistralement aboutie. Passion du lieu des origines, quête identitaire, recherche de l'absolu, du sens des vraies rencontres, les grandes lignes de force de ce fascinant théâtre d'ombres se dessinent peu à peu au fil du récit.
Une présence féminine s'impose. Une femme au passé et présent houleux « sans nom », qui deviendra Olya. Rencontre décisive pour le narrateur, elle sera sa raison de vivre et d'espérer : L'éternelle, aux yeux d'azur, «la fille du feu dans son manteau de neige… »
Parmi les protagonistes de ce roman magnifique, un arbre s'impose, présence stable et vivante au centre de ce monde parfois menaçant.
Un Arbre, « en qui se rejoignent tous les arbres » ciel et terre à la fois, se présente comme le fidèle compagnon du narrateur. Arbre sacré autour duquel danse la vie, capable de pouvoir établir de mystérieuses correspondances entre les êtres, hasards funestes ou merveilleuses coïncidences …
Tout à la fin du roman, dernière pièce du puzzle, il livrera le secret de son origine.
le lecteur occidental ne peut s'empêcher de penser à la philosophie chinoise, yin et yang. Proches ou lointaines, semblables et différentes, les vies se relient et les vents les traversent.
J'ai apprécié le rôle de cette figure tutélaire, arbre sacré en Chine, fêté par les Coréens, pivot des écritures, des généalogies et de la peinture. Elle nous rappelle que l'on peut s'affranchir des espaces et du temps et, comme la musique, faire dialoguer les mondes. Au mitan du livre, un subtil clin d'oeil au compositeur Henri Dutilleux, inspiré par Baudelaire et ses mystérieuses correspondances… quelques notes de Tout un monde lointain se font entendre …Les tableaux de Vroubel soudain s'animent de lignes blanches, portant une infinité de sons, et de motifs entrecroisés… Tout le monde poétique habituel de l'auteur que l'on retrouve avec plaisir !
de multiples interprétations, et variations autour de ce livre musical merveilleusement écrit et documenté, feront les délices des nouveaux et fidèles lecteurs de Michel Louyot.
Commenter  J’apprécie          40







{* *}