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Critique de Zoeprendlaplume


Suite de mes aventures lovecraftiennes (pour ceux qui découvrent, Lovecraft est mon auteur de l'année 2022, je consacre mes week-end à la lecture de ses oeuvres - je commence par ses nouvelles du mythe de Cthulhu).

Beaucoup aimé cette nouvelle, assez conséquente. On retrouve toujours certains ingrédients typiques, comme le savant dosage du suspense, la mise en condition du lecteur, l'ambiance, l'écriture tout en hyperboles, prétéritions et superlatifs, le narrateur pas très détaillé, et la structure très découpée du texte.

Ici, 5 parties :
- l'avant Innsmouth, dans laquelle le narrateur va écouter des témoignages, entendre des récits, qui vont le mettre en condition (le lecteur avec). Pratique, parce que ça permet déjà de dresser un panorama flippant de la ville dans laquelle on n'a encore jamais mis les pieds.
- la découverte de la ville, qui se dévoile en plongée, depuis le bus. le trajet est comme un travelling à l'écran, c'est dynamique, et peu à peu, on s'en rapproche... L'ambiance est alors mouvante. le parcours dans la ville est placé sous le signe de la curiosité architecturale, mais évidemment, avec tous les a priori offerts dans la 1ère partie, c'est fichu.
- le contre-temps : il y a toujours un contre-temps. du coup, voilà notre narrateur coincé dans cette ville puante et glauque à souhait toute la nuit. Péripéties à l'hôtel, baston contre des forces non identifiées.
- la fuite et l'évanouissement (toujours)
- l'après événements.


Qu'est ce qui m'a plu ?

La peinture d'Innsmouth et des environs. C'est incroyable comment Lovecraft parvient à nous filer la chair de poule alors qu'il ne se passe rien : la ville est juste une ruine à ciel ouvert, peuplée de pauvres malheureux à l'image de leur ville pourrie - comble de malheur elle pue le poisson. Et l'on retrouve alors un univers sensoriel à tous les niveaux. Sensoriel et mouvant (comme les bestioles); voir le paysage changer au fur et à mesure j'adore.

Evidemment, j'ai beaucoup aimé l'arrivée des créatures terrrrrribles ! Voilà 60 pages que je les attendais, que j'espérais, que je redoutais, ce qui allait arriver ! Ce que j'aime beaucoup, après avoir lu une dizaine de nouvelles, c'est que c'est le lecteur qui se crée son imaginaire terrifiant tout seul. Lovecraft met quelques mots par ici, utilise les mêmes recettes qui fonctionnent, et hop on fait le reste. Car quand on met bout à bout les événements qui se déroulent effectivement et qui sont terrifiants, ça tient en deux lignes.

J'aime aussi le fil du fantastique, toujours très fin, et voir le narrateur tout faire pour ne pas le dépasser. J'aime beaucoup voir la raison se battre avec l'irrationnel dans l'esprit du narrateur, et voir l'écriture accompagner ce basculement - points de suspension, tirets, répétitions, phrases hachées...

Dans cette nouvelle, j'ai particulièrement aimé la fin. Plongeon dans les abysses, accueillies à bras ouverts. Il me semble que je n'avais pas encore lu de final comme ça dans les nouvelles précédentes. Là, ça file des sueurs froides dans le dos. J'ai trouvé ça inattendu, et bien joué. Ca termine de manière magistrale la nouvelle, et ça couronne l'horreur.

Je me rends compte aussi que Lovecraft nous fait visiter l'Amérique profonde; imaginaire, certes. Mais on parcourt des paysages, des villes et des campagnes, qui témoignent d'une situation économique, industrielle, sociale, d'une époque donnée. Il offre aussi une vue sur les idées de l'époque (sur le colonialisme par exemple, ou encore le statut de la femme - quasi toujours absente, ce qui est révélateur aussi...).

Bref, je boucle avec cette nouvelle mon premier round du mythe de Cthulhu, rdv la semaine prochaine pour le second round !
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