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Critique de bdelhausse


Pour l'anecdote, je me suis trompé en prenant ce livre au présentoir de ma bibliothèque communale favorite. Je cherchais un livre débutant par "S" et ayant vu Sherlock, je pensais tenir l'ouvrage requis... M'étant rendu compte que le livre débutait en fait par un "D", je me transformai en corbeau et jurai (mais un peu tard) qu'on ne m'y prendrait plus. Et derechef, j'ai décidé de lire le bouquin quand même.

Cela faisait fort longtemps que je n'avais plus lu une resucée du mythe imaginé par Lovecraft aussi fidèle à l'oeuvre du maître de Providence. Et quand je dis "fidèle", cela ne sonne pas vraiment comme un compliment. On est tellement dans l'hommage aux canons imaginés par H.P.L. que l'on pourrait même parler de dévotion. J'avais imaginé me trouver dans un pastiche, une parodie, mais non ! les ficelles, les enjeux, les enchaînements, tout évoque les écrits de Lovecraft. Même le nom de l'auteur sonne comme une reddition totale à l'univers cthulhuesque.

L'action se déroule à Londres en 1895 et les protagonistes (dont je n'ai pas encore vraiment parlé) sont mandés au chevet d'un fou baragouinant en r'lyehen. Et hop que vogue la galère des dieux déchus et des Grands Anciens. Nous n'échapperons -d'ailleurs- pas à l'usage d'un journal intime, rouage classique de ce type de lilttérature. Le journal intime sert de base au livre, même s'il n'apparaît d'au-delà de la moitié de l'ouvrage. Il raconte l'expédition sur le Miskatonic à la recherche de bêtes du Mythe et constitue le moment d'horreur gothique propre à ce genre de littérature.

L'originalité vient (si l'on peu dire) des personnages principaux. Sherlock Holmes et le Docteur Watson sont bien à la poursuite de shoggoths ou de maigres bêtes de la nuit... Pourquoi pas? Finalement, l'idée que les récits de Watson servent à masquer la réalité n'est pas neuve. Ici, Lovegrove l'utilise pour imaginer que le Mythe se trouve en filigrane des récits d'enquête du locataure du 221b Baker Street.

Cela dit, une fois l'amusement initial passé, on s'enfonce dans une histoire (comme je l'ai signalé) assez coventionnelle. Et on finit soit par oublier la spécificité sherlockienne, soit par se demander ce que cela apporte. Et on a la réponse en fin de tome, un peu comme une cerise confite posée sur une montagne de crème fraîche, mais dont on aurait oublié d'ôter le noyau.

Il faut donc, àmha, considérer ce tome comme un exercice de style. Etre à même d'écrire un livre en 2018, tout en respectant à la fois les codes de Conan Doyle et ceux de Lovecraft, ce n'est sans doute pas évident, ni à la portée du premier auteur venu.

Cela dit, je ne suis pas convaincu que le Mythe de Cthulhu sorte grandi de ce livre. Je ne pense pas que mélanger Sherlock et le Mythe apporte grand-chose aux deux univers. Cela se laisse lire. Mais si vous voulez une vraie relecture et réécriture du Mythe, allez voir La Reine en Jaune et Les Furies de Boras d'Anders Fager. Là, on est dans le glauque cthulhien, jusqu'au cou. Alors qu'avec Lovegrove, seuls les orteils y trempent un peu.
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