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Critique de Tandarica


Il s'agit ici du premier livre écrit par l'auteur directement en français et publié clandestinement à Bucarest en 1945. Cette troisième édition des chez José Corti a été revue et « mise au point » par Nadèjda et Thierry Garrel.
De quoi s'agit-il ? Difficile à dire (en peu de mots). le sous-titre indique « avec une introduction sur l'objet objectivement offert, un portrait trouvé et dix-sept illustrations ».
Dans un article des Inrockuptibles, Fabrice Gabriel écrit : « Le Vampire passif témoigne de ce que fut Luca en ses années de formation révoltée : lire aujourd'hui cet ouvrage illustré de 18 photographies d'objets objectivement offerts c'est éprouver d'abord le frisson d'une époque révolue ».
Désarmée face à ce texte difficile à appréhender, aux accents philosophiques et qui invoque souvent la sexualité, j'ai ressorti l'essai de Dominique Carlat, Gherasim Luca l'intempestif, pour quelques considérations éclairantes. On peut y lire : « la réflexion consacrée à l'offre objective de l'objet trouve ainsi son fondement dans le cadre d'une pensée de l'échange poétique ou artistique qui nourrit lui-même le secret appelant à son dépassement. Gherasim Luca invite à une pratique de la circulation qui refuse l'épargne : des objets, des textes, des images de soi ». Après avoir proposé une très intéressante analyse du contexte historique de la parution de ce livre, Dominique Carlat, affirme : « pour qui demeure disponible à tous les signes, l'offre dont Gherasim Luca fera le centre de l'expérience du hasard objectif participerait donc d'un mouvement universel. le Vampire passif est entièrement dirigé par le désir inexpugnable de maintenir cette utopie. [...]. Le sujet abordé, le rôle du hasard objectif dans les liens qui lient les membres du groupe surréaliste, va conduire Gherasim Luca à révéler avec fausse candeur et truculence de quels désirs mêlés se fonde toute relation collective. [...] Les premiers textes de Gherasim Luca, au premier rang desquels le Vampire passif, cherchent à prolonger l'ébranlement suscité par les textes surréalistes. Par un mouvement réversible cette lecture vient, en retour, questionner les textes lus et les limites qu'inconsciemment ils s'étaient imposées. Ainsi, Gherasim Luca s'interroge sur la fragilité de la frontière établie entre le hasard objectif et le délire d'interprétation. [...] le Vampire passif se présente comme un objet littéralement impossible à définir : mêlant exposé théorique et prose poétique haletante, confessions personnelles et excursus universalisants, adresses personnelles et visée "scientifique", la position d'énonciation qu'il adopte se caractérise par une instabilité constante. Aucune définition générique, aucune analyse pragmatique des gestes de parole qu'il accomplit ne semble susceptible de cerner son identité. Mais ce trait semble moins tenir à une volonté expresse d'échapper à toute prise qu'à la teneur même de son propos. Celui-ci est fondé sur une intuition initiale développée dans la préface dont le propos pourrait originellement sembler uniquement théorique : Gherasim Luca propose de projeter sur notre rapport à l'univers, à sa globalité, la conception surréaliste de la rencontre ».
Il y a donc dans ce texte un aspect programmatique que je ne trouve pas très passionnant.
Finalement, ce que je préfère chez Gherasim Luca c'est l'esthétique du bégaiement de ses poèmes ultérieurs.
Le bilan : lecture dispensable, même si je me souviendrai de la poupée (figure 2, la lettre L) achetée chez un antiquaire et recouverte de charades découpées dans les almanachs.
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