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4.08/5 (sur 120 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Bucarest , le 23/07/1913
Mort(e) à : Paris , le 09/02/1994
Biographie :

Gherasim Luca est issu d'un milieu juif libéral il est très jeune en contact avec les cultures françaises et allemandes.
A la fin des années trente, il voyage à Paris pour étudier de plus près le surréalisme. Il est surpris par la guerre mais parvient à rentrer en Roumanie.
Avec quelques amis, il y crée un groupe surréaliste, juste avant l'avènement du socialisme qui produit des articles, des expositions.
En 1952, il quitte son pays pour venir s'installer en France.
Ses poèmes, dessins ou collages ("cubomanies") sont publiés par la revue Phases. Il élabore des livres-objets. Il participe à de nombreux festivals de poésie dans toute l'Europe, dans lesquels les lectures publiques de ses textes étaient très renommées.

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Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français. Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn. Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003). À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.

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Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
Ghérasim Luca
La Sainte communion

Le 8 mai j’avais quitté l’usine effiloché comme d’habitude
couvert de poussière dans les rues coudoyant des messieurs en pelisses
parmi de belles femmes fatigué et effiloché
et un humide dégoût emplissait ma bouche
cette belle dame m’avait perçu du haut de sa voiture
j’étais un gars pas mal – le crachat ça ne se voit pas
elle avait des cheveux ondulés et une voiture
ma présence là noyée de poussière éveillait en elle un suave frisson sous ses bas
et jusqu’à la porte de son appartement luxueux la voiture légère a roulé
où travailles-tu me demanda-t-elle pendant qu’elle enlevait son manteau
depuis quelques jours à l’usine de gaz
tu es un gars bien bâti et assez beau tu pourrais mieux gagner
depuis six mois et jusqu’à hier je ne mangeais qu’une fois tous les deux jours
notre discussion pouvait se prolonger à l’infini
mes paroles à moi sentaient le pain le gaz
elle gazouillait comme un piano ouvert des paroles de romances à la mode
et pourtant la manière virile dont ma chair s’arrondissait sur les os
faisait que nous nous entendions à merveille
l’heure est avancée, couchons-nous
le lit sentait moelleusement le chaud et le propre
la dame savait mieux faire l’amour que discourir
et moi j’aimais ses cheveux parce que j’avais besoin de les tirer.
Le matin elle me dit au revoir mon cher
(il était 5 heures et à 6 l’usine ouvrait)
nous nous reverrons ce soir à 8 nous dînerons ensemble
auprès de mes paroles sentant le pain le gaz
je conservais une bouche pleine de crachats
elle la vit elle s’en effraya
cette belle dame avec laquelle toute nuit je me suis promené dans l’amour et l’automobile – elle disparut
à sa place fumait une vieille ridée, ses lunettes sur son nez qui lisait assidûment les Saintes Écritures.

(Publié dans « Meridian » N° 11,1927, puis traduit du roumain par Micaela Slăvescu et cité dans « La Réhabilitation du rêve », p. 510-511)
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Ghérasim Luca
Je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque je te navigue
je t'ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu m'iris
je t'écris
tu me penses

Extrait de Paralipomènes
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Ghérasim Luca
Tragédies qui devront arriver

Je suis libre
et je puis remarquer avec une particulière attention les choses qui m’entourent
mes doigts tremblants comme des peupliers et courts comme des balles
ont serré aujourd’hui avec force le cou blanc d’une femme
de même que les poètes anciens serraient sur leur poitrine pendant leurs habituels accès d’amour pour la nature
les fleurs–les moutons–le champ et les étoiles
les poètes d’aujourd’hui, les poètes aux doigts tremblants comme des peupliers et courts comme des balles
ont chacun à la maison un cou blanc de femme qui doit être assassinée
la lucidité avec laquelle nous regarderons plus tard les choses qui nous entourent est tellement nécessaire
et leur langue violette, quel drôle de spectacle.

Maintenant puisque nous sommes libres notre promenade dans les rues présente une importance que nous devons bien comprendre :
les femmes sont plus élégantes aujourd’hui et plus provocantes mes gentils messieurs,
les vitrines des magasins plus chargées et plus illuminées
et nos poches d’habitude pleines de bonbons et de petits mots contiennent des cailloux de toutes les dimensions.
Avec nous sont sortis à la promenade aussi d’autres gens sur les grands boulevards de la ville
ils ont les doigts blancs et gras comme des morceaux de lard,
ils ont les doigts dans la poche
et à côté, à part la dernière photo de la bien-aimée un mouchoir plein de morve.

Les poètes d’aujourd’hui, les poètes aux doigts tremblants comme des peupliers et courts comme des balles
les poètes qui ont dans toutes les poches des cailloux
doivent savoir que la seule difficulté est la casse de la première vitrine rencontrée sur les grands boulevards,
car les autres vitrines se cassent toutes seules
de même qu’il suffit d’éteindre une seule étoile pour qu’ensuite les autres s’éteignent toutes seules.

Je vous demande pardon pour cette comparaison avec l’étoile
ô poètes,
ce n’est qu’un souvenir du temps jadis
lorsque je tombais en extase devant les arbres fleuris et je m’évanouissais à chaque lever de soleil.

Les poètes d’aujourd’hui, les poètes aux doigts tremblants comme des peupliers et courts comme des balles
ils peuvent jeter la pierre sur ma comparaison avec l’étoile
ce sera sans doute la première vitrine que vous allez casser
les autres vitrines se cassent toutes seules.

(Publié dans « Viața imediată » N° 1, décembre 1933, puis traduit du roumain par Dumitru Tsepeneag et cité dans « La Réhabilitation du rêve », p. 510-511)
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Ghérasim Luca
Mais ce que nous aimons, toujours inattendu, toujours de l’autre côté du vent, obéit aux règles diffuses et tranchantes d’un jeu presque perceptible. Mettre son corps dans le secret du mental, s’attirer le hasard, mordre la nuit...

Gherasim Luca, inédits, Fusées n° 7
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Les objets, c'est mystérieuses armures sous lesquelles nous attend, nocturne et dénudé, le désir, ces pièges de velours, de bronze, de fils araignée que nous nous jetons à chaque pas ; chasseurs et gibiers dans les pénombres des forêts, à la fois forêt, braconnier et bûcheron, bûcheron tué à la racine d'un arbre et couvert de sa propre barbe sentant l'encens, le bien, le cela-n'est-pas-possible ;
(p. 41)
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De ce conflit entre le démon de la liberté et le dieu de la prison se détache, pour la justification de mon délire d'interprétation, le chiffre obsessionnel 9, que les calculs faits par la kabbale noire me désignent comme un chiffre entièrement analytique, et, tout puissant sous sa pèlerine de cristal, avec son œil rouge de comète, s'en détache encore L'AMOUR, fou et lucide, réel et virtuel, mort et vivant comme les cheveux de Déline. Déline, fantôme indéchiffrable de l'amour, s'endort sur mon épaule en obscurcissant l'obscurité.
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Ghérasim Luca
 
 
Libérez le souffle et chaque mot devient un signal.
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Accouplé à la peur
comme Dieu à l’odieux

le cou engendre le couteau

et le Coupeur de têtes
suspendu entre la tête et le corps

comme le crime
entre le cri et la rime

(p. 99, À gorge dénouée)
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Je te narine
je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine
je buste ta poitrine puis te visage
je te corsage
tu m'odeur
tu me vertiges
tu glisses
je te cuisse
je te caresse
je te frissonne
tu m'enjambes
tu m'insupportable
je t'amazone
je te gorge
je te ventre
je te jupe
je te jarretelle
je te bats
je te Bach
oui je te Bach pour clavecin sein et flûte

je te tremblante
tu me séduis
tu m'absordes
je te dispute
je te risque
je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures
tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques
tu les fascines
tu me couvres
je te découvre
je t'invente
parfois tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre et je te délire
tu me délires et passionnes
je t'épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n'omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m'aisselles
je te respire
jour et nuit
je te respire
je te bouche
je te palais
je te dents
je te griffe
je te vulve
je te paupières
je te haleine
je t'aine
je te sang
je te cou
je te mollets
je te certitude
je te joues et te veines

je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t'ombre
je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t'iris

je t'écris
tu me penses
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L’ÉCHO DU CORPS
  
  
  
  
prête-moi ta cervelle
cède-moi ton cerceau
ta cédille ta certitude
cette cerise
cède-moi cette cerise
ou à peu près une autre
cerne-moi de tes cernes
précipite-toi
dans le centre de mon être
sois le cercle de ce centre
le triangle de ce cercle
la quadrature de mes ongles
sois ceci ou cela ou à peu près
un autre
mais suis-moi précède-moi
séduction
[…]
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