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Critique de MarionJL


J'étais assez dubitative au début de ce roman et je me suis finalement faite emporter dans cet Érythrée italien à la fin du 19ème siècle, suffoquant de chaleur, de combines, de désir et de violences coloniales.

L'écriture est étonnante et m'a déroutée au début, très précise concernant les prononciations et les accents italiens, rappelant que l'union italienne s'est faite peu de temps auparavant. Très précise aussi sur les procédés photographique de l'époque. Cette précision presque chirurgicale apporte beaucoup de froideur et de distance et se retrouve en alternance avec des plongées brûlantes dans l'esprit des protagonistes, en particulier dans leurs sentiments les plus intenses, de désir, de honte, d'épuisement…

Une écriture vraiment intéressante et déroutante. Lors des plongées dans les psychés, j'ai été vraiment scotchée au texte avec la bouche qui s'assèche de la chaleur étouffante de Massaoua. On est cependant rapidement tiré de ces plongées car on change de chapitre, on change de point de vue et l'auteur remet de la distance. Les chapitres nous mettant en apnée sont cependant de plus en plus longs et créent pour le lecteur des variations d'intensité qui crée une sorte de tourbillon. On ne sait plus à quoi s'attendre, on veut retrouver chaque protagoniste mais les chapitres mettent du temps à revenir et entre temps, on s'attache à d'autres personnages.

Par ailleurs, l'entremêlement des intrigues est étonnant. Autant toutes les intrigues concernant les soldats trouvent son sens dans la dénonciation de l'absurdité de la guerre qui culmine avec la bataille d'Adaoua, autant l'intrigue entre Cristina, Vittorio, Cristoforo, Léo, Ahmed et Gabré, même si elle permet des instants de rare intensité m'a laissé perplexe même dans sa dénonciation de la colonisation administrative.

J'ai un pincement au coeur en pensant à Serra et Amsaleth ou à Ahmed et Gabré. J'ai été impressionnée par l'intensité que Carlo Lucarelli peut donner très rapidement. Il doit exceller dans le registre des nouvelles.
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