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Critique de Pancrace


Non, C'est pas vraiment un mélo dans le bush.
Parle plus fort, j'suis dans la cuisine, tu dis quoi ? Que ce roman te met l'eau à la bouche !
Pourquoi, c'est érotique ? Tu m'excites…
Non, ç'est plus que ça m'exaspère, me tracasse, me titille. Genre, tu vois, si un jour Netflix s'empare de ce black-scénar le bandeau sera :
+16, violent, langage grossier, violence sexuelle, drogue, LGBT, alcool, pédophilie, racisme, ségrégation.
C'est plus un bandeau, c'est une bannière !
Plus je lisais, plus je me suis senti obligé d'en choisir une de bannière. Ça n'a pas été facile tant j'étais tiraillé entre les dégénérés, les parvenus, les agressés, les délaissés, les alcooliques pour oublier et les disparus pour disparaitre.
« Une bande de mecs en plein bush se racontant combien ils sont tous merveilleux, et combien on les traite mal. »

Dans tout ce fatras et leurs charabias, il y a les familles qui étaient là avant que la capitaine Cook débarque : les « blackfellas » et celles qui envahissent le pays des autres et les assassinent en appelant ça la civilisation comme par exemple la bande à Jim Buckley cet enfoiré de maire qui veut vendre l'ile des ancêtres aborigènes pour en faire une prison. J'ai nommé : les « whitefellas ».
J'te rassure, ils sont tous carrément fêlés mais c'est parfaitement bien expliqué même si parfois et je ne tiens pas à faire la fine « bush » mais un glossaire aurait été aussi indispensable qu'un dispensaire pour Goories dans le Queensland un soir de beuverie.

Celle qui parle aux corbeaux parle aussi en « bundjalung » et écrit comme celle qui parle à tout le monde et c'est surement ce qui donne ce côté hypnotique et tellement attachant à ce roman. Finalement, ce récit émaillé de nombreux dialogues croustillants est aussi cocasse que déroutant et aussi bordélique qu'émouvant.

« T'en as mis du temps à montrer ta tête, lança Pretty-Mary à sa fille depuis la table de la cuisine, d'un ton acide. Tu t'es rappelé d'un coup que cette vieille autoroute vers l'enfer était à double-sens, hein ? »
La fille, c'est Kerry, la colonne vertébrale du roman et de cette grande famille du genre « Affreux, sales et méchants » à la sauce wallabies et leurs conseils de famille, c'est de la bombe. « Je suis tellement hot que je pisse du napalm, baby. »
Ils ont tous quelque chose à défendre, à expulser, à cacher, à vomir, à exorciser, à se faire pardonner, à excuser. Note bien que ça donne de la très bonne matière à lire…

« L'a fallu qu'on s'endurcisse pour pouvoir survivre, qu'on devienne aussi durs que ce vieux rocher, là-bas. Mais la dureté qui nous a sauvés, elle va nous tuer si elle continue encore trop longtemps. Les gens sont pas des rochers. »

Je remercie encore Babelio pour ce voyage privilégié et l'éditeur Seuil de m'avoir fait découvrir leurs « Voix autochtones » et surtout pas atones.



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