AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Calimero29


Nous voici en 2018, au fin fond d'un bled paumé, dans la Nouvelle-Galles du Sud, dans le bush australien. Kerry, 34 ans, revient chez sa mère après en être partie 17 ans plus tôt et n'y être que rarement retournée. Son grand-père est en train de mourir et elle est recherchée par la police pour vol.
Elle retrouve sa mère, qui se donne du courage en tirant les cartes, son frère aîné, rongé par la rage, le fils de celui-ci anorexique. A l'occasion de la cérémonie funéraire, elle retrouve également son autre frère qui est devenu fonctionnaire à Sydney. Au-dessus de cette famille aborigène, plane l'ombre de la soeur aînée, Donna, disparue alors qu'elle avait 16 ans, sans savoir si elle est morte ou pas. C'est alors que le maire blanc de la ville décide de vendre des terrains de la commune, sacrés pour la famille aborigène, pour construire une prison. Elle ne peut accepter ça.
L'auteure nous propulse dans un monde qu'elle connaît bien puisqu'elle est elle-même aborigène et dans une famille foutraque, atypique, dysfonctionnelle où la violence est le moyen de communication privilégié entre les adultes mais aussi entre les adultes et les enfants.
Elle nous fait découvrir ce qu'a pu être et l'est encore la vie des aborigènes sous la férule des colons blancs qui se sont accaparé leurs terres, les terribles conséquences individuelles et collectives de la violence subie par des générations. le racisme est bien sûr central dans ce roman : des blancs vis-vis des aborigènes et inversement avec, parfois, l'ambivalence de ceux qui sont exploités et veulent ressembler à leurs exploiteurs afin de sortir de leur condition.
La nature et les animaux sont très présents et sont un élément constitutif de la culture aborigène, les êtres humains s'intégrant à la vie sauvage sans la détruire et y retournant après leur mort.
Ce roman est foisonnant, dépaysant, débordant de vie, d'énergie mais aussi de rage. Il suinte la misère, le désespoir, l'échec mais laisse entrevoir de la lumière à la fin.
Le style est cash, le langage parlé, authentique, parfois ordurier sans que cela soit sur-joué, sans fioriture. J'ai regretté que les nombreux mots dialectaux, qui confèrent de l'authenticité aux dialogues, n'aient pas été expliqués en bas de page même si, pour certains, à force de les croiser dans différents contextes, on finit par en saisir le sens.
Une belle découverte que je dois à Babelio à travers une masse critique privilégiée et aux éditions Seuil que je remercie pour m'avoir emmenée là où je ne me serais peut-être pas aventurée.
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}