- L’individu ? Vu les blessures, une moissonneuse-batteuse serait un choix plus cohérent. J’ai rarement vu un tel degré de casse au niveau d’un membre inférieur. Il n’y a que les grands accidentés de la route qui peuvent présenter de tels traumatismes.
Le reste de leurs échanges fit le tour de quelques banalités. Ils se dirent à nouveau leur amour réciproque au téléphone avant de raccrocher. Edouard n’exprimait rien avant le décès de sa femme. Après ça, il avait décidé de dire à sa fille qu’il l’aimait.
Elle avait besoin de cette représentation sociale, mais ses aspirations personnelles étaient basées sur le pouvoir et la domination. Elle était attirée par le pouvoir, le cherchait et s’en délectait. C’est donc très naturellement qu’elle était devenue la maitresse de François Vaslin.
Il l’avait ouvertement draguée très rapidement ne voyant en elle que la courbe de ses fesses. Elle le savait et en avait joué à la perfection. Ils avaient eu de nombreux rapports au début, souvent dans le bureau du chef, une fois la porte fermée à clé. Rose n’avait pas peur de se donner sans réserve et même de lui proposer des choses intimes très innovantes. Elle le rendait fou dans ces moments-là et le voyait bien sur son visage.
Il était certes tard mais on ne savait jamais, quelqu’un pouvait venir. Ses mains passaient partout sur son corps mais ce qu’elle aimait, ce qu’elle avait toujours aimé, c’était le sentir en elle. Dans ces moments-là, elle détenait le pouvoir. Il accéléra le rythme et elle sentit un orgasme poindre. Les veines du cou s’élargirent et elle s’abandonna complètement au plaisir. Il la suivit de peu et ils restèrent un instant affalés l’un sur l’autre.
Elle se laisser glisser sur la moquette et réajusta sa jupe en la tirant vers le bas. C’était une jeune femme plantureuse, à la poitrine généreuse, aux jambes fines, extrêmement belle et plutôt intelligente. De grandes qualités.
Infidèle aussi.
C’était un homme unanimement salué pour ses qualités intellectuelles : sa thèse sur le génome humain avait recueilli une distinction internationale. C’était aussi un véritable homme d’affaires, au sens littéral du terme, un requin sans grande empathie. Il n’avait que peu d’amis, il n’en cherchait pas, l’utilité étant ce qu’il attendait avant tout des rapports humains.
Il se refaisait le film sans en comprendre le scénario. Avec un peu de recul maintenant, il était certain que tout ne s’était pas produit comme il le croyait sur place. Du moins, il voulait en être certain. Sinon, autant réserver une place en psy tout de suite, car les évènements étaient inexplicables en l’état. Un frisson énorme parcourut sa nuque. Il était malade pour Franck, malade de ne rien capter, malade d’avoir participé à quelque chose sans logique apparente.
Pour la première fois de sa vie de flic, de sa vie d’homme, le lieutenant sentit ses doigts se courber sous la peur. Il se sentait comme devant Amithyville. La simultanéité des bruits, dans deux endroits opposés, la violence des faits mais aussi cette finesse d’exécution - pourquoi découper la vitre de la petite aussi doucement ? -, tout ça le conduisait à croire à l’inexplicable.
Les monstres existent vraiment, les fantômes aussi.....Ils vivent en nous, et parfois ils gagnent. —
Stephen KING.