AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fabienne2909


Avec « un océan d'amour », Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione nous offrent une douceur garantie 100 % Breizh et beurre salé, légère et savoureuse comme une galette bien de là-bas. L'objet est intrigant car il donne l'impression d'avoir entre les mains une boîte de sardines en conserve, avec une quatrième de couverture irrésistible qui, à elle seule, donne envie de se jeter dans ses bulles. Ce qui se cache sous sa couverture suscite encore plus l'attention : une bande dessinée garantie « sans textes ni onomatopées », et pouvant « contenir des traces de pictogrammes » !

Mais cela n'est pas dérangeant, bien au contraire, tellement les personnages sont expressifs, les cases bien organisées (des petites qui concentrent l'action, comme des zooms, les grandes le regard, en offrant souvent de superbes points de vue sur des horizons, le plus souvent marins). On entend les sons comme si on y était, presque les odeurs (magnifique cuisson de la galette matinale en début d'ouvrage !), c'est assez bluffant. Les dessins sont magnifiques, avec des couleurs parfois voilées, sépia, mais qui nous transportent illico dans cette Bretagne des bords de mer, des pêcheurs.

Car de la pêche et de la mer, il va en être question pendant tout l'ouvrage : un pêcheur part un matin effectuer sa journée de travail en haute mer, sur son petit bateau. Mais ce jour-là, il croise le chemin d'un cargo étranger qui le saisit dans ses filets sans même s'en rendre compte… Tout le monde le croira mort, sauf sa femme, brave et solide Bigoudène à l'amour et à la détermination inébranlables, qui remuera ciel et terre, et traversera tous les obstacles pour le retrouver. On ne peut ressentir que de l'admiration et de l'affection pour cette sacrée bonne femme qui en a sous le pied, avec son caractère généreux et affirmé, avec ses indignations bretonnement saines (elle saura se faire entendre des cuisiniers de la croisière où elle finit par se retrouver car ils ne savent pas cuire un homard, ou qui insistera par faire cuire des galettes à tous les passagers, horrifiée de la malbouffe dont ils se gavent pour grignoter). C'est tendre, c'est mignon, il y a plein de rebondissements bien trouvés, on rit des situations parfois cocasses (ah la voyante qui lit dans les galettes !!), parfois frisant l'absurde, bref c'est intelligent et bien mené.

En effet, derrière la tendresse et le rire, les auteurs passent des messages assez clairs concernant les saccages que l'océan subit (où est l'amour, ici ?) : la pêche en haute mer effectuée par des énormes paquebots raclant tout sur leur passage pour s'assurer un bon rendement, ce qui ne laisse dans le filet des petits bateaux artisanaux comme celui de notre héros qu'un poisson au gabarit trop faible et des détritus ; la barge pétrolière qui dégaze sans foi ni loi (mais qui le paiera) ; les déchets en nombre hallucinant – le fameux 6e continent – qui tuent les animaux marins, ici la mouette étranglée par un emballage de canettes… Une nouvelle preuve, s'il en est, que les images se passent très bien des mots quand elles sont bien structurées.
Commenter  J’apprécie          334



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}