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Critique de Lesbotheque


Lorsqu'on se plonge dans En route vers toi, on ne peut que noter des similitudes frappantes avec Sarah Waters (jusque dans le prénom des deux autrices) : roman historique dont l'héroïne​​​​​​, une jeune institutrice découvre les amours lesbiens dans la Suède des années 1900 sur fond de lutte pour le droit e vote des femmes. Histoire et amours lesbiens, les marques de fabrique de Sarah Waters donc. Au premier regard, la différence n'est pas plus épaisse qu'un cheveu sur un oreiller de satin et pourtant les similitudes s'arrêtent là pour laisser place à des styles et des récits bien différents :

Dans l'écriture d'abord, Sarah Waters c'est cette lente mais délicieuse entrée dans l'intrigue, cette écriture qui flâne dans les détails pour vous emmener vers un dénouement inéluctable, souvent prévisible, mais qui pourtant, vous a tenu en haleine jusqu'au bout. Un brin plus érotique et un poil moins littéraire, Sara Lövestam est plus direct, plus incisive aussi. Elle vous surprendra et plusieurs fois. Nul besoin d'être sortie de la cuisse de Sherlock Holmes pour imaginer les risques que prennent deux femmes à s'aimer en 1900 et pourtant le danger ne viendra pas de là où on l'imagine et c'est plutôt rafraîchissant.

Dans le thème ensuite, Sarah Waters dépeint avec un souci de sociologue la société victorienne du début du siècle précédent. Ici, finalement, le droit de vote n'est à mon sens qu'un prétexte et ce sera mon seul regret d'ailleurs, que l'autrice n'ait pas un peu plus poussé la description des discours, des arguments, des difficultés qu'ont rencontré ces femmes qui se sont levées pour réclamer le droit d'être citoyenne.

Cependant on lui pardonnera cette légèreté car le sujet il me semble, est ailleurs. En route vers toi parle de droit de vote et d'amour certes mais il parle aussi d'estime de soi et de la responsabilité que nous portons ou non dans ce que nous faisons de notre vie ou ce qu'elle a fait de nous. Sujet proche du Rubik's Cube intellectuel que le livre ne tranche pas mais qui est amené avec adresse au travers notamment du personnage d'Hanna, conseillère de l'agence pour l'emploi fortement antipathique si vous voulez mon avis, mais auquel on finit par s'attacher, un peu malgré soi , au grès de son évolution.
Il est aisé de faire naître sous sa plume le parfait salaud ou la fille de mère Thérèsa. Il est autrement plus complexe de créer une Hanna. Hanna n'est pas née en 1900 elle a peu ou prou la même date de naissance que vous et moi, et va se retrouver en possession de 4 objets qui vont la jeter sur les traces de Signe la jeune institutrice militante, la menant peu à peu vers une quête de soi plus que du passé. Car En route vers toi est aussi son histoire.
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