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Critique de de


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15 décembre 2011
« Seule une prise en charge collective et démocratique permettrait à la fois de répondre aux besoins sociaux réels, de réduire le temps de travail, de supprimer les productions inutiles et nuisibles, de remplacer les énergies fossiles par le solaire. Ce qui implique une incursion profonde dans le régime de la propriété capitaliste, une extension radicale du secteur public et de la gratuité, bref un plan écosocialiste cohérent. »

Dans ce petit livre, Michael Löwy, reprend et synthétise de nombreux articles autour du concept d'écosocialime.

Dans un première partie « Socialisme écologique », l'auteur indique que nous devons assumer une « rupture radicale avec l'idéologie du progrès linéaire ». Tout en critiquant les visions dominantes dans le mouvement ouvrier, « profondément marqué par l'idéologie du progrès et par le productivisme », il insiste sur les contradictions entre les forces productives et les conditions de production. Les techniques ne sont pas neutres ni du point de vue de l'émancipation sociale, ni des possibilités réelles, lorsque l'on prend en compte la finitude des éléments qui nous entourent. Mais l'auteur n'en reste pas aux conditions de production, il soulève les problèmes du « type de consommation actuel, fondé sur l'ostentation, le gaspillage, l'aliénation marchande, l'obsession accumulatrice, qui doit être mis en question. »

Réorganiser l'ensemble du mode de production et de consommation, nécessite une nouvelle organisation sociale, démocratique, l'auteur parle de « planification démocratique locale, nationale et demain internationale ». Cela passe par l'organisation des salarié-e-s/citoyen-ne-s, à tous les niveaux, au niveau les plus adéquats pour l'élaboration et les choix démocratiques autour de questions comme : « 1 – quels produits devront être subventionnés ou même distribués gratuitement ; 2 – quelles options énergétiques devront être poursuivies, même si elle ne sont pas, dans un premier temps, les plus ”rentables” ; 3 – comment réorganiser les système des transports, en fonction de critères sociaux et écologiques ; 4 – quelles mesures prendre pour réparer, le plus vite possible, les gigantesques dégâts environnementaux laissés ”en héritage” par le capitalisme. Et ainsi de suite… »

Reste que la notion de « besoins authentiques » est très friable, les besoins, les priorités des un-e-s sont en partie contradictoires à ceux des autres, une part de gâchis vaudra mieux qu'une organisation bureaucratique rigide, même après des délibérations démocratiques. Tous les niveaux de pré-ajustement, (pour souhaitables qu'ils soient !), ne sauraient être aujourd'hui envisageables.

L'organisation de la production et de la consommation n'est point celles des choses, mais des relations sociales. D'où des débats à approfondir entre autogestion, marché et planification, place de la démocratie directe et de la démocratie représentative, niveaux de décision et institutions permettant de favoriser l'auto-organisation et le contrôle des salarié-e-s, des usager-e-s et des citoyen-ne-s qui sont à la fois les mêmes personnes et à la fois des actrices/acteurs sociaux différent-e-s.

Le lourd bilan des États du socialisme hier réellement existant, oblige à développer des hypothèses, des pistes de réponses, immédiatement crédibles et largement mobilisatrices pour construire une alternative majoritaire à la catastrophe qui vient.

Grand connaisseur de l'oeuvre de Walter Benjamin, Michael Löwy nous rappelle que celui-ci « proposait de définir la révolution non comme ”locomotive de l'Histoire”, mais comme l'action salvatrice de l'humanité qui tire sur le frein d'urgence avant que le train ne sombre dans l'abysse… » L'auteur y reviendra dans un chapitre intitulé « La révolution est le frein d'urgence. Actualité politico-écologique de Walter Benjamin ».

Quoiqu'il en soit, cela implique : « l'augmentation du temps libre est en fait une condition de la participation des travailleurs à la discussion démocratique et à la gestion de l'économie comme de la société. »

Dans une seconde partie, l'auteur montre les tensions dans les textes de Marx et d'Engels, les contradictions, les insuffisances et quelques prémonitions. Il nous parle de « progrès destructif ». A mes yeux, rien dans la critique de l'économie politique, au contraire, n'est incompatible avec les grandes thèses de l'écologie. Beaucoup de textes sont marqués par leur époque et curieusement dans sa critique de Marx, Michael Löwy ne cite pas « l'énorme portée écologique du passage d'un combustible renouvelable, produit de la conversion photosynthétique du flux solaire, le bois, à un combustible de stock, produit de la fossilisation du flux solaire et par conséquent épuisable à l'échelle historique des temps, le charbon »sur laquelle insiste à juste titre Daniel Tanuro.

Dans une troisième partie, « Aspects essentiels de la théorie et de la pratique écosocialiste », l'auteur présente les liens entre écologie et altermondialisme et mène, entre autres, une salutaire critique de la publicité, manifestation particulièrement criante du fétichisme de la marchandise qui crée et dirige nos désirs. Enfin l'auteur présente des études sur les États-Unis et le Brésil.

En annexe sont reproduits quelques textes : « Manifeste écosocialiste international » de septembre 2001, « Réseau brésilien écosocialiste » de 2003, « Déclaration écosocialiste internationale de Belém » de 2008 et un conte illustré « Copenhague, le 12 avril 2049 ».

L'écosocialisme est « une proposition radicale qui vise non seulement à transformation des rapports de production, à une mutation de l'appareil productif et des modèles de consommation dominants, mais aussi à créer un nouveau paradigme de civilisation, en rupture avec les fondements de la civilisation capitaliste / industrielle occidentale moderne. »

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