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Citations sur La baignoire de Staline (64)

Nougo Shenguelia n'aimait pas les scènes de crime. C'était moins leur côté morbide que le sentiment d'être arrivé trop tard qui le perturbait. Une scène de crime représentait toujours une défaite.
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Elle avait prononcé ces mots avec son accent indéfinissable, légèrement désuet, l'accent d'une génération entière de linguistes soviétiques auxquels on avait longtemps interdit de franchir les frontières, en les forçant à cultiver leurs idiomes sous serre comme des orchidées rares.
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Ce que vous venez de me raconter...Cela me met en colère. Vous voyez, jamais les Russes ne nous laisseront tranquilles. Nous sommes condamnés à vivre dans l'ombre de Moscou. Si tout cela est vrai...Cela veut dire qu'ils demeurent à même de venir chez nous et d'y tuer nos citoyens impunément. Pour régler de vieux comptes. Pour assouvir leur soif de vengeance...Le message est clair. On ne quitte pas l'Union Soviétique. Elle est toujours là. Impalpable. Menaçante. Omniprésente. Prête à frapper n'importe où. Je me demande si tout cela finira un jour.
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À l’heure où ces lignes sont mises sous presse, environ 20 % du territoire géorgien sont toujours occupés par la Russie. Il n’est pas inutile de le rappeler.
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Vous voyez, jamais les Russes ne nous laisseront tranquilles. Nous sommes condamnés à vivre dans l’ombre de Moscou. Si tout cela est vrai… Cela veut dire qu’ils demeurent à même de venir chez nous et d’y tuer nos citoyens impunément. Pour régler de vieux comptes. Pour assouvir leur soif de vengeance… Le message est clair. On ne quitte pas l’Union soviétique. Elle est toujours là. Impalpable. Menaçante. Omniprésente. Prête à frapper n’importe où. Je me demande si tout cela finira un jour.
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– Rapava était un homme d’Andropov. Et l’accession d’Andropov à la tête du KGB soviétique… Eh bien… Cela réveille de mauvais souvenirs. Son arrivée aux affaires a marqué la fin du dégel des années Khrouchtchev. Avec Brejnev, ils ont relancé la chasse aux dissidents. Le régime se durcissait à nouveau. C’est Andropov qui a eu l’idée géniale – Kartadze dessina des guillemets dans l’air avec les doigts de ses deux mains – de procéder à l’internement psychiatrique des opposants. Quelle époque… (…)
– Tout le monde avait peur, conclut sombrement l’ancien professeur. Il ne fallait pas grand-chose pour se voir découvrir une « schizophrénie latente » – c’était le diagnostic officiellement prononcé – et finir enfermé dans un asile au milieu de nulle part. Rapava a orchestré de telles campagnes d’arrestations en Géorgie, puis plus tard à Moscou. Les gens disparaissaient pour longtemps, parfois pour toujours.
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Turpin avisa un rouleau d’affiches qu’il déplia. C’étaient des planches graphiques en forme de bandes dessinées, peuplées de petits personnages très sérieux campés dans diverses poses explicatives. Nougo y jeta un œil avant de sourire :
– Ce sont des affiches de consignes en cas d’attaque impérialiste. La première prévoit une agression chimique et prescrit tous les gestes à faire. La seconde… montrez-moi… C’est pour une attaque nucléaire. Le Parti les faisait aussi placarder dans les écoles. Je m’en souviens bien. Ça nous faisait rigoler. Parce qu’aucun des équipements de protection requis n’était jamais livré. Mais c’était conçu pour maintenir la population sous tension…
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Les trente années les plus sanglantes de l’URSS correspondent en gros à la période où les Caucasiens ont gouverné l’empire. Staline, bien sûr. Mais aussi Beria, Ordjonikidze. L’Arménien Mikoïan. Et bien d’autres. Depuis que je suis en poste ici, j’en suis venu à me demander dans quelle mesure tous ces Caucasiens n’avaient pas tout simplement transposé à Moscou leurs mœurs de montagnards paranoïaques et violents. La vendetta. La passion des complots. Le goût pour l’élimination des ennemis politiques…
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– Les Russes et la Géorgie… Vous savez, quand les Russes ont entamé la conquête des nations du Caucase aux dépens des Persans, au début du XIXe siècle, ils ont, en quelque sorte, découvert le Sud… Oui. C’était ça. Le Midi. Des pays ensoleillés, où poussaient la vigne et les arbres fruitiers. Des contrées aux coutumes ancestrales, où l’on cachait les jeunes filles, la nuit, de peur qu’elles ne soient enlevées par des guerriers à cheval. Des forteresses crénelées. Des terres habitées par les brigands. On retrouve des traces de ces récits folkloriques dans toute la littérature russe, au siècle de Pouchkine et de Tolstoï. Les artistes de Saint-Pétersbourg venaient ici pour s’initier à la lumière du Sud, comme vos peintres célèbres, qui allaient en Provence, en Algérie, ou en Toscane… Dans l’imaginaire collectif des Russes, la Géorgie, c’est un peu tout cela à la fois. À l’époque soviétique, ce fut une destination de vacances. La mer Noire. Les plages d’Abkhazie, de Batoumi. Les sources d’eau chaude…
– Et Tskaltoubo, bien sûr.
– Oui. Tskaltoubo. Bordjomi. Les dignitaires communistes se firent construire des datchas là où, avant eux, les tsars avaient édifié des palais. À l’ombre des orangers. Je suis quasiment sûr que les Russes ne nous rendront jamais l’Abkhazie.
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– Les Géorgiens et Staline… C’est un sujet complexe. Ambigu. Vous obtiendrez autant d’opinions qu’il y a de Géorgiens, j’en ai bien peur. Parce que les faits historiques sont contradictoires. En août 1924, au moment où Staline s’emparait du pouvoir, il y eut un soulèvement antisoviétique en Géorgie, qui fut très lourdement réprimé. Puis vinrent les grandes purges de 1937-1938. On aurait pu croire que les Géorgiens seraient relativement épargnés par leur compatriote. Mais c’est l’inverse qui se produisit. Notre petite république socialiste fut l’une des plus éprouvées. Staline connaissait tout le monde. Il rajoutait des noms sur les listes de condamnés. « Vous avez mis Vano, c’est bien ; mais vous avez oublié Nika, son frère, qui habite dans la même rue. » Vous voyez le genre… Les Géorgiens en ont bavé, sous Staline. Vous connaissez le quartier de Vaké, bien sûr. On l’a construit sur des charniers. Il y a des milliers d’ossements, mêlés aux fondations des immeubles… Et puis, en 1956, quand Khrouchtchev mit en œuvre la déstalinisation, après le XXe congrès, la seule république où des contestations eurent lieu fut la nôtre. Allez comprendre… Je crois que les Géorgiens éprouvent des sentiments mêlés. L’effroi et le dégoût le disputent à une forme de fierté, d’admiration. Beaucoup restent fascinés par le côté incroyable de cette histoire, celle du fils d’un pauvre cordonnier de Gori qui devint tsar de toutes les Russies.
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