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Critique de Biblioroz


Le chagrin mêlé à la peur vrille le corps. Coll Coyle, après le noir de cette nuit agitée, assiste au lever du jour, le rouge qui prend place dans le ciel irlandais.

Ce sont ces deux couleurs, le noir et le rouge, qui teinteront chaque page de cette course contre la mort.

1832, au nord de l'Irlande, l'odeur de la terre mouillée.
Des larmes de rage et de désespoir puis le silence écrasant auprès du feu de tourbe avec sa femme, sa petite fille et sa mère. Coll doit raisonner le propriétaire terrien Hamilton, ce chien galeux d'Anglais, pour qu'il revienne sur cette décision d'expulsion injuste qui les frappe.
Mais sous le ciel qui déverse régulièrement toute son eau, l'explication se mue en tragédie avec le crâne d'Hamilton qui éclate contre un mur de pierre.
La fuite, dans les ténèbres, la fuite pour sa survie. Coll est pourchassé par le régisseur Faller, un homme brutal et sanguinaire, dénué de tout émotion si ce n'est un léger sourire lorsqu'il ôte la vie à ceux qui se trouvent sur son passage.

Tout est inquiétant dans ce roman, c'est un concentré de grisaille, un précipice de noirceur. Dès le début, l'atmosphère lourde d'injustice, de peur, de chagrin nous assaille. Elle se gorge également d'humidité avec les pluies qui font leur ballet incessant. C'est comme un voile opaque déposé par les cieux tourmentés.
L'auteur, par sa plume exaltée, imbrique nature et activité humaine. Il donne vie aux ruisseaux, au ciel capricieux, aux ramures des arbres, à la terre poussiéreuse ou gorgée d'eau. Il met en scène la lumière dorée ou la noirceur des ténèbres en maniant des phrases imagées précises et de toute beauté. Il sait faire jaillir le sommeil qui assomme, la faim qui tiraille l'estomac, la peur comme catalyseur de fuite.

Le chemin est lent mais implacable. La mort, sous plusieurs formes, colle aux pas de notre irlandais en cavale. Les maladies liées au XIXe siècle déciment et le sort des émigrants irlandais révolte.
Cette traque est éprouvante, noire d'injustice et de fatalité et rouge de sang versé. Mais pour la beauté de l'écriture et l'univers irlandais qui me fascine, j'aime les écrits de Paul Lynch, un auteur talentueux à la prose ténébreuse.
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