Citations sur Caitlyn Tierney, tome 3 : Les racines du sacrifice (8)
Quoi que dise son père, elle ne quitterait pas la fac, et elle ne renoncerait pas à son rêve. Il pouvait la mettre à la porte, lui couper les vivres, elle s’en fichait.
Sauf que non. L’argent lui importait peu – même si elle ne savait pas trop quel genre de travail elle pourrait trouver –, mais l’opinion de son père comptait pour elle. Quand elle était petite, la pire punition qu’il pouvait lui infliger, c’était de ne plus lui adresser la parole. Aujourd’hui, Maria était une adulte, mais elle avait quand même besoin de lui, besoin de l’amour de son père.
D’après la rapidité de sa croissance et la valeur de ses actions, qui ne cessait de monter en flèche, les tissus humains étaient une denrée très monnayable.
Apparemment, l’argent ouvrait encore plus de portes au Mexique qu’à Miami, car Caitlyn et les Alvarado franchirent la douane à la vitesse d’un éclair. Après un bref trajet en taxi, ils furent introduits dans le bureau du chef de la sécurité du Rêve des Caraïbes, Ian Broadman, dont on leur promit qu’il ne tarderait pas à les rejoindre.
La jungle était un curieux mélange de petits arbres qui luttaient pour obtenir une parcelle de lumière du jour et de géants végétaux qui s’élançaient vers le ciel avant de déployer leurs branches. Les uns comme les autres conspiraient pour retenir Maria prisonnière d’une bulle d’humidité et d’ombres.
Se planquer, c’était ce qu’elle faisait le mieux. Sur le plan émotionnel, ça consistait à dissimuler la souffrance d’une enfance solitaire, à essayer constamment de se montrer digne de l’amour de son père, ou à s’échapper dans le monde des livres et de son imagination. Sur le plan physique, elle avait un don pour détecter les choses cachées. Son père disait que sa vision valait mieux que des lunettes 3D : il lui suffisait de regarder quelque chose pour le traduire en dimensions multiples. C’était grâce à ça qu’elle avait pu localiser le temple à partir des images-satellites du professeur.
Les seules personnes qu’elle aperçut furent un fermier amish et ses fils qui labouraient un champ dans le lointain. Leurs charrues, tirées par des chevaux, soulevaient un nuage de poussière dorée qui scintillait dans la lumière de mars. Difficile de croire que ces gens vivaient dans la même réalité qu’elle.
Un peu de peur, c’était bon pour l’âme, raisonna-t-elle. Même si son père l’enfermerait sans doute dans un couvent quand elle rentrerait. Maria repoussa cette pensée dans un coin de son esprit. Elle culpabilisait de lui avoir désobéi pour la première fois de sa vie.
Quand la population de votre comté compte deux fois plus de vaches que d’humains, et que la plupart de ces derniers se soucient des élections comme d’une guigne, la politique peut prendre un tour intéressant.