— Les Observateurs ont bien des défauts, mais le mensonge n’en fait pas partie. Ils en sont fondamentalement incapables.
— Dissimuler des informations, c’est déjà mentir. Moi, je n’ai jamais cru à leur prétendue « honnêteté ».
C’est pourtant simple. Un enfant pourrait le comprendre… Le pouvoir ne doit se trouver qu’entre les mains de ceux qui n’en veulent pas. C’est la meilleure garantie, pour un pays comme le nôtre, de prospérer.
Les humains semblaient éprouver le besoin de nommer et quantifier la moindre chose, c’était parfois déroutant.
Il ne devait pas être facile de lutter contre l’influence inévitable d’une telle éducation. La jeune femme se comportait de façon moderne et originale, certes, mais on lui avait toujours appris à considérer les Manipulateurs comme des porteurs du Don subalternes, par rapport aux Observateurs. Même si elle combattait ce préjugé, elle n’allait pas s’affranchir de toutes ses croyances grâce à une seule conversation digne de ce nom.
Ce qui est fait ne peut pas être modifié.
Le pays se portait plutôt bien, les gens semblaient heureux. Heureux de vivre, heureux d’être impliqués, même à petite échelle, dans l’évolution de la République. Certes, les Observateurs n’étaient pas les compagnons de discussion les plus agréables – un peu froids, souvent dépourvus d’humour et manquant cruellement de fantaisie –, mais ils accomplissaient un travail considérable et essentiel depuis des temps immémoriaux. Un travail ingrat, en vérité. Car il y aurait toujours quelqu’un pour critiquer leurs intentions, bien qu’ils soient les porteurs du Don les plus désintéressés, par nature.