A travers ses mémoires, riches, denses, mais d'une lecture agréable,
Wangari Maathai se raconte, bien évidemment, de son accession à l'école, ce qui n'était pas chose aisée pour une petite paysanne kényane à son époque, à l'attribution de son prix Nobel de la paix, notamment pour son engagement à la reforestation de son pays à travers son Mouvement de la ceinture verte, qui lui a causé de nombreux déboires avec le gouvernement - et pas seulement -, mais elle raconte aussi, et surtout, finalement, le Kenya, de la mainmise coloniale britannique sur le déclin, à sa naissance, jusqu'à l'indépendance, et les conséquences de celles-ci, pas vraiment plus bénéfiques au départ - corruption, inégalités qui se creusent encore... -.
A travers un regard assez clairvoyant, tant sur elle-même que sur le Kenya, qui n'hésite pas à pencher parfois vers une autodérision qui allège la situation, de plus en plus tendue pour la militante, en raison de ses engagements de plus en plus vindicatifs,
Wangari Maathai raconte en somme une destinée hors du commun, ponctuée tant de coups du sort que de coups de chance, qui n'est pas donnée à toutes et tous, même avec la meilleure volonté du monde, même avec de la force, et de la résistance, envers et contre tout. C'est la seule chose qui m'a, en soi, gênée, dans Celle qui plante des arbres : le caractère trop exemplaire qui semble être donné à une existence que bien peu peuvent se permettre, même s'ils s'en donnent la peine - sans être fataliste.