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Critique de Cigale17


On sait aujourd'hui, grâce à des études récentes (et moins récentes), que les traumatismes des générations précédentes peuvent être transmis aux générations suivantes. Ce postulat habite le roman de Robin MacArthur, Les Femmes de Heart Spring Montain. Les non-dits, les secrets inavoués pèseront lourdement sur plusieurs générations de femmes que nous présente cette belle histoire. Divisé en un prologue (Bonnie) et trois parties (La Rivière, Les Bois, Les Champs), le roman est composé de brefs chapitres, titrés par le nom d'un personnage et datés, ce qui s'avère plus que nécessaire à cause des sauts entre les personnages et les époques. On suivra alternativement, plus ou moins régulièrement, sept personnages : Bonnie (en focalisation dans le prologue seulement), puis Haezel, Deb, Stephen, Danny (quelques chapitres vers la fin), Vale, et Lena qui est la seule à s'exprimer à la première personne. Leurs liens de parenté sont importants, et j'ai dû faire un arbre généalogique au fur et à mesure de ma lecture parce que je m'y perdais…
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En 1803, Ezekial Wood et sa femme Zipporah s'installent dans le Vermont et baptisent Heart Spring Montain l'endroit où ils ont choisi d'établir leur ferme. Leur fils Pierre et sa femme Louise auront un fils : Henry Wood. Il prendra pour épouse Marie, une femme brune, aux longs cheveux tressés, qui n'a pas vraiment le physique des femmes de colons… Ils auront une fille, Jessie (je ne me souviens pas du nom de son mari), qui meurt alors que ses filles, Haezel et Lena, sont encore très jeunes. Nous sommes maintenant parmi les personnages principaux du roman qui se déroule entre 1956 et 2011. Haezel épouse Lex et donne naissance à Stephen. Lena aura une enfant, Bonnie ; le nom de son père est un des non-dits de cette histoire. Bonnie aura une fille, Vale, avec… avec ? elle ne sait pas trop qui. Son cousin Stephen aura un fils, Danny, avec Deb, venue dans la région rejoindre une communauté hippie fin des années 60, début des années 70, et décidant de s'y installer. Le prologue présente Bonnie, paumée, droguée, errant sur un pont pendant l'ouragan Irène qui a causé d'énormes dégâts dans l'Est des États-Unis pendant l'été 2011, et qui a dévasté une bonne partie du Vermont et de la Nouvelle-Angleterre. Dans le premier chapitre, Vale, qui vit à la Nouvelle-Orléans depuis huit ans, est prévenue de la disparition de sa mère par un coup de téléphone de Deb. Elle décide alors de retourner dans le Vermont pour y retrouver Bonnie, morte ou vivante.
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J'ai aimé ce livre pour les portraits de femmes qu'il donne à voir : tant de destins brisés, tant de courage pour s'en sortir, tant d'échecs et tant de résilience font d'elles des personnages attachants ou, à tout le moins, pour lesquels on ne peut qu'éprouver de l'empathie. L'originalité de Lena, sa solitude choisie, sa communion avec la nature en font une femme remarquablement moderne, comme Deb, d'ailleurs, qui a su conserver son idéal hippie sans le dévoyer malgré la vie rude qu'il lui impose. Le courage d'Haezel et sa générosité touchent au cœur les générations suivantes et lui confèrent longtemps le rôle du port d'attache. Bonnie, la plus désespérée, n'en finit pas de se perdre, de répéter ses erreurs, jusqu'à cette disparition pendant l'ouragan Irène. Malgré tous ses problèmes, elle donne à sa fille, Vale, tout l'amour qu'elle est capable de donner. C'est elle qui m'a touchée le plus, Vale, qui, en tentant de retrouver sa mère, va percer à jour des secrets de famille qui donnent les clés du présent. J'ai aimé aussi ces personnages pour leur attachement à leur morceau de pays, attachement qui n'empêche nullement la lucidité. J'ai beaucoup apprécié l'écriture, hachée parfois, parfois ample et lyrique, toujours précise. Probablement un grand roman !
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