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Citations sur Son corps et autres célébrations (26)

Lorsque je range ma robe de mariée dans l'armoire avec mon trousseau, je repense à la femme qui, en jouant à cache-cache le jour de son mariage, s'est dissimulée au grenier dans une vieille malle qu'elle n'a jamais pu rouvrir. Elle y est restée prisonnière jusqu'à sa mort. Les gens la croyaient enfuie quand, des années plus tard, une domestique trouva son squelette, en robe blanche, recroquevillé à l'intérieur de cet espace sombre. Les mariées ne s'en sortent jamais bien dans les histoires. Et les histoires laissent pressentir le bonheur avant de le souffler comme une bougie.
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Notre fils a douze ans (...) Son odeur n'est plus celle d'un enfant - la douceur du lait est remplacée par quelque chose de plus violent et pénétrant, comme un cheveu qui grésille sur un poêle.
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La tête du bébé me hante parce qu'elle tient du fruit gâté. Je m'en rends compte maintenant, au milieu de ce désert inifini de sons. Elle est comme cette partie molle de la pêche dans laquelle vous pouvez enfoncer le pouce, sans trop poser de questions, ni demander si ça va. Je ne vais pas le faire, mais j'en ai envie, une envie si forte que je la dépose. Elle hurle de plus belle. Je la reprends et l'appuie contre moi en murmurant "Je t'aime, ma petite, je ne vais pas te faire de mal ", or la première affirmation est un mensonge et la seconde pourrait en être un également. Je devrais éprouver le besoin de la protéger et je ne pense qu'à cette région molle, cet endroit où je lui ferais du mal si j'essayais, si je voulais lui faire du mal.
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J'étais nerveuse, excitée. J'avais l'impression d'être une guitare, quelqu'un tournait les clés et mes cordes se tendaient. Ils ont battu des cils contre ma peau et soufflé doucement dans mes oreilles. J'ai gémi, frémi, et je me suis tortillée, au bord de la jouissance pendant plusieurs minutes alors que personne ne me touchait à l'endroit voulu, pas même moi.
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" Je peux... ? " demande-t-elle et j'acquiesce avant qu'elle ait terminé sa phrase. Elle met sa main sur ma bouche, me mord dans le cou et introduit trois doigts à l'intérieur de moi. Je ris et suffoque, sous sa main.
Je jouis vite, fort, comme une bouteille qui éclate contre un mur en brique. Comme si j'avais attendu l'autorisation.
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Notre fils n’en finit pas de grandir. Il a huit ans, dix ans. Au début, je lui lis des contes de fées — les très anciens, pleins de douleurs, de mort et de mariages forcés qui s’étiolent comme des feuillages jaunis. Il pousse des pieds aux sirènes et ça fait rire. Les méchants cochons repentis quittent de grands banquets sans avoir été mangés. Les vilaines sorcières partent du château et s’installent dans des chaumières où elles passent leurs journées à peindre des portraits de créatures des bois.
En grandissant, cependant, il commence à poser trop de questions. Pourquoi ils ne mangent pas le cochon, alors qu’ils ont si faim et qu’il a été si méchant ? Pourquoi la sorcière a-t-elle le droit de s’en aller du château après avoir été aussi affreuse ? Et l’idée de nageoires transformées en pieds étant trop atroce, il la rejette catégoriquement après s’être coupé la main avec une paire de ciseaux.
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"Je t'aime." Je le dis pour la première fois, avec un goût étrange dans la bouche – c'est réel mais trop tôt, comme quand une poire n'est pas mûre.
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Mais je vous pose la question, lecteurs : avez-vous déjà croisé, lors des délibérations de votre jury, des personnes qui se soient véritablement rencontrées ? Quelques-unes, sans doute, pas beaucoup. J'ai connu un grand nombre de gens au cours de mon existence, et rares sont ceux qui ont subi une coupe radicale, un élagage qui fait que leurs branches repoussent plus saines.
Je suis parfaitement honnête en vous disant que cette nuit dans la forêt a été un cadeau. Nombre de gens vivent et meurent sans s'être jamais confrontés à eux-mêmes dans le noir. Priez pour qu'un jour vous fassiez des petits tours sur le rivage et que, penchés au-dessus de l'eau, vous comptiez parmi les chanceux. (page 284)
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J'étais entourée non pas d'une absence de bruit mais du bruit de l'absence: un silence voluptueux écrasait mes tympans.
P.276
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[...] Il voulait me lécher le sexe, mais je ne l'ai pas laissé faire. Il est parti fâché en claquant la porte moustiquaire si fort que l'étagère à épices s'est décrochée du mur pour se fracasser au sol. Mon chien a lapé la muscade, je l'ai forcé à vomir en lui faisant avaler du sel. Dopée par l'adrénaline, j'ai dressé la liste des animaux que j'avais eus dans ma vie - sept, en comptant les deux poissons combattants.
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