Après tout, j’étais adulte et à nouveau célibataire, j’avais donc le droit de m’offrir un peu de bon temps avec un homme, d’autant que celui-ci était tout ce qu’il y avait de plus attirant et qu’il était responsable d’un dérèglement climatique de mon for intérieur. Depuis ma rupture avec Paul, trop méfiante envers les hommes, je n’avais pas ressenti le besoin d’avoir une aventure. Ainsi, depuis trois mois, je n’avais pas eu d’amant, n’ayant ni le temps, ni même l’esquisse d’une envie.
Il était beau, mais pas que. Il y avait en lui un mélange de charisme et de force brute. Il avait l’air… puissant, dangereux, animal et, à cet instant précis, captivée par son regard intense d’un vert si clair qu’il en était presque magique, je me sentis dans la peau d’une gazelle devant son prédateur.
Depuis huit jours, je vivais un rêve éveillée. Cette croisière était certainement la meilleure chose qui m’était arrivée jusque-là. Le bateau était luxueux, sans pour autant être tape-à-l’œil, ma cabine – une mini suite, initialement prévue pour deux – était confortable, assez spacieuse, joliment décorée et avait l’avantage non négligeable d’avoir une vue sur la mer. Quand je n’y étais pas, j’étais sur le pont, occupée à admirer jusqu’à plus soif les merveilles de la nature offertes à mon regard ou à terre pour visiter les villages portuaires de chacune de nos escales. Ce voyage était riche en expériences et en émotions, tant visuelles que gustatives et, loin de me déprimer, le fait d’être en solo m’apportait une sérénité à laquelle je ne m’étais pas attendue.
Sarah était une fille fantastique, super rigolote à ses heures, intelligente comme pas deux, jolie comme un cœur, mais son côté sauvage et phobique avait de quoi décourager… D’une beauté que nul ne pouvait ignorer – teint de porcelaine, cheveux flamboyants, yeux chocolat —, elle ne se rendait absolument pas compte du pouvoir de séduction qu’elle dégageait ni du fait que beaucoup de femmes tueraient pour avoir un corps comme le sien.
Avec mamie, inutile de gaspiller mon argent en magazines people : j'avais droit au même genre de ragots, le glamour et les paillettes en moins.
Nourrir des relations sociales normales avec des êtres humains, en revanche, relevait de l’exploit. Sauf en ce qui me concernait, mais, comme elle me le disait souvent, j’étais une exception.