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Critique de Nat_85


Intriguée par ce livre, j'ai fait confiance à mon instinct et je n'en sors aucunement déçue. » Comme un seul homme « est le premier roman implacable de l'américain Daniel Magariel, paru en 2018 aux éditions Fayard.
Ils viennent de remporter la guerre, comme un seul homme. le narrateur, un jeune garçon de douze ans, son frère aîné et leur père ont vaincu l'ennemie absolue. Alcoolique, irresponsable et fainéante, elle vient de perdre la garde de ses enfants. Désireux de repartir à zéro, ils quittent tous les trois le Kansas.
p. 11 : » – Est-ce qu'elle t'a frappé ?
-Je crois pas qu'elle l'a fait exprès.
Il m'a attiré à lui, a passé son bras autour de mes épaules, m'a tapoté le dos au rythme des essuie-glaces. C'était une drôle d'étreinte. le genre d'accolade qu'on donne à un inconnu qui a du chagrin. «
Sur la route en direction d'Albuquerque au Nouveau-Mexique, le jeune garçon se remémore le plan qu'ils ont manigancés pour obtenir gain de cause. Un plan démoniaque fomenté par un père manipulateur, n'hésitant pas à impliquer ses propres fils… Les services de la protection de l'enfance ont ainsi décidé du sort des garçons, certains d'avoir extirpés ces enfants de la négligence et de la maltraitance de leur mère, en les confiant exclusivement à leur père.
Mais loin de leur mère, les deux jeunes garçons vont vite s'apercevoir que celui-ci n'est finalement pas le sauveur qu'ils pensaient. Toxicomane et pervers narcissique, il éprouve de plus en plus de difficultés à assumer son rôle de conseiller financier. Il met alors à contribution ses enfants pour relancer ses clients. Très vite, l'argent commence à manquer et l'aîné doit travailler à la supérette du coin pour subvenir aux besoins de la famille.
p. 106 : » – On a besoin qu'il revienne, a-t-il dit. Dis-lui qu'on peut pas y arriver tout seuls. «
Violent dans ses phases de manque, le père s'enferme des jours durant dans sa chambre, laissant ses enfants livrés à eux-mêmes. Et lorsqu'il refait surface, c'est pour mieux jouer la carte de l'affectif. Ce grand-huit émotionnel détruit petit à petit l'innocence des deux garçons. Très soudés, ils font front tant bien que mal. Diviser pour mieux régner, ce père démoniaque les monte l'un contre l'autre. Usant de la violence physique tout autant que la manipulation psychologique, le lecteur est pris dans ce huit-clos étouffant et cruel.
p. 122 : » Mon père nous avait montés l'un contre l'autre – c'était sa technique pour avoir l'ascendant sur nous. «
Sous l'emprise de ce père innommable, le narrateur prend conscience que leur mère n'était peut-être pas responsable de tous les maux dont le père l'accusait. Entre une mère qui renonce et un père destructeur, l'amour et la complicité de ses deux frères fait leur force. Mais cette résistance suffira-t-elle à les sauver ?
p. 161 : » Je lui ai dit que j'avais vu notre père fumer du crack. J'ai insisté sur la paranoïa qui le rongeait. Et j'ai prévenu mon frère que mon père était en pleine vendetta contre lui. «
La situation se détériore chaque jour un peu plus, et la police tente vainement de rentrer en contact avec ce père. Mais chaque fois, il obtient le soutien de ses enfants, jusqu'au jour où…
p. 98 : » – On va pas s'en sortir, il a dit. Rien de tout ça n'est normal. Tu sais que j'ai raison. Reconnais-le. «
Sacré meilleur livre de l'année par les critiques littéraires du New York Times, le premier roman de Daniel Magariel est poignant. D'une écriture nerveuse, la narration est sèche et presque détachée. En ne nommant pas ses personnages, l'auteur tente de mettre une distance. Malgré cela, le lecteur s'attache et vit les événements, dans une terrible impuissance ! La tension va monter crescendo, jusqu'à l'irrespirable.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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