"A qui je dois des comptes, à part au Bon Dieu ? Et ça encore, ça se discute."
"Le temps faisait son oeuvre, les vies d'avant et les visages aimés s'effaçaient par blocs entiers. Il fallait résister de toutes ses forces pour ne pas oublier."
"La rumeur villageoise, si acerbe soit-elle, jamais n'atteindrait le dénigrement que je m'infligeais à fréquence régulière."
"Certains soirs, au bal, l'excitation était palpable.
Le bonheur simple d'être en vie."
"Il n'est aucune sensation qui soit plus agréable dans la vie que d'abaisser les paupières et de s'enfoncer dans un fauteuil crapaud crème et bleu roi. Se laisser bercer par les voix des passagers et se sentir partir. Le corps las. Ne saisir plus que des bribes de conciliabules étouffés."
"J'ignorais si le retour des larmes, dix ans après que la machine s'était grippée, était de bon augure. Vivait-on mieux avec le goût des sanglots ?"
"Je menais alors une vie tranquille, sans attache. A beaucoup d'égards, semblable au lit mobile de la rivière. En vérité, une vie atone et anesthésiée.
Dix-sept ans de bagne. Et pour quoi au juste ? Expier la mort de mes parents.
Payer pour les avoir abandonnés. Une vie en quarantaine à honorer leur souvenir en me punissant d'être vivant."
Ça me plaît assez ce concept d'une journée à rallonge. Ce n'est pas à mon âge qu'on néglige la perspective d'une vingt-cinquième heure. Je ne me suis jamais contenté de mes vingt-quatre heures, moi. J'ai toujours voulu double ration. Pas pour avoir plus que les autres mais pour vivre plus. Sortir du moule, devenir ma propre référence.
A défaut de poursuivre la grande aventure du Canal, j'ai ouvert le premier magasin de pêche de la région. La Canne Apach. Je n'étais pas mécontent de ma trouvaille. Il n'y avait pas de raison d'abandonner aux salons de coiffure le monopole de l'humour de devanture.