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Critique de sarahorchani


Chaque chapitre de ce livre est haletant. du début jusqu'à la fin, on est pris par ce souffle romanesque qui questionne à la fois la condition humaine et nous présente une photographie de la société égyptienne dans les années 30.

A l'image de ce morcellement politique, des personnages représentent différentes sensibilités:

Ma'moun Radwan est le plus religieux

Ali Taha, comme son ami, est aussi plein de convictions mais les siennes sont politiques, sociales et socialistes.

Ahmed Badir, lui, est le seul des quatre à mener de front ses études et un emploi : journaliste dans un journal cairote

Mahgoub Abd el-Dayim est un égocentrique revenu de tout qui profère une philosophie du « après moi le déluge » qu'il résume régulièrement, dans leurs discussions, par un « baste »

Finesse psychologique, nuances , complexité. réalisme social politique humain.

Pas de pathos ou du misérabilisme.
La pauvreté est décrite dans sa cruauté mais n'est nullement source d'empathie mais de rage. Pas de solidarité. Gloire à celui qui sait se faire au mieux caméléon et courtisan envers des bonnes personnes. La nature des moyens comptent peu. C'est le point final qui importe. Changer de classe sociale. Oublier ses origines. Ignorer des parents restés à l'état de pauvreté.

On découvre un monde fait de corruption et sans scrupule. Mahgoub Abd el-Dayim, l'étudiant pauvre, est absolument détestable.

» Sa dérision envers les hommes de science ne le cédait en rien à celle qu'il témoignait aux hommes de religion. Il n'avait dans l'existence qu'un seul but: le plaisir et la puissance,par les voies et moyens les plus simples , sans obéir à une morale, une religion ou une vertu. »

Tout est pipé, les nominations aux poste jusqu'au concours de beauté.

Avec l'argent et les ambitions sociales, on peut arranger un mariage avec Ihsane,la fille qu'on a toujours aimé.

« N'y a-t-il pas dans le succès amoureux la même jouissance, la même fierté que dans le triomphe guerrier?

Mais l'argent et la puissance n'achètent nullement l'amour d'un coeur.

Au sommet , on est maître de beaucoup mais l'amour » est un oiseau de bohème » comme le chantait Carmen. Et la jalousie rend obsolète les certitudes de puissance.

« La jalousie est-elle innée et est-ce , comme la dignité, une convention sociale? Non, elle est innée, sans aucun doute ! Les hommes en souffrent comme les humains, ni plus ni moins! Nous sommes jaloux à partir du moment où nous aimons, et nous nous estimons dignes d'être aimés »

Naguib Mahfouz signe en 1945 un livre politique du cynisme social et un roman d'amour et de jalousie. Surnommé « le Balzac du Nil », il a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1988.
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