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Critique de Sachenka


Cinq années. Cinq années se sont passées après les événements relatés dans le tome précédent de cette Trilogie du Caire. Maintenant, malgré la mort du jeune et prometteur Fahmi, la famille Abd el-Gawwad s'est agrandie un peu : les soeurs Khadiga et Aïsha sont mariées et mères d'un ribambelle d'enfants. Mais on les voit peu, elles demeurent chez leurs maris. On se concentre sur les autres membres de la famille. le patriarche Ahmed commence à se faire un peu vieux, il n'est plus la figure imposante, autoritaire d'autrefois. Encore un peu, oui, mais pour des garçons de seize et vingt-huit ans… Parlons d'eux : Yasine continue à faire la fête, à se saouler et à chercher la compagnie des femmes. Un autre mariage raté le pousse dans les bras d'une prostituée, au grand dam de son père. Quant à Kamal, il est en pleine réflexion, il songe à sa future carrière. Il est intéressé par les lettres et l'enseignement mais aussi par la politique. Suivra-t-il le chemin tracé par son frère ? Et cette pauvre Amina qui se dépérit à vue d'oeil. Et avec eux, on retrouve quelques amsi et connaissances. Et toujours cette fabuleuse cité du Caire, avec ses ruelles étroites et ses impasses, ses demeures avec des jardins intérieurs, ses échoppes, ses maisons closes, ses places publiques où manifestent l'élite intellectuelle et la jeunesse égyptienne.

En d'autres mots, ce deuxième tome de la trilogie, le palais du désir, dresse un portrait intimiste de la désormais fameuse famille Abd el-Gawwad. Tout tourne autour d'elle. Les mariages, les relations entre les membres de la famille, les enfants et les petits-enfants. Bien sur, ils ne vivent pas en vase clos, quelques événements historiques qui ont eu lieu au milieu des années 1920 ont été abordés, effleurés. Il y est question de la fin du protectorat britannique, des changements de gouvernements en Égypte (entre autre, la déconfiture du parti Wafd), mais autant qu'on aurait pu l'espérer. C'est un peu comme si la famille écoutait ces grands événements à la radio, d'une oreille distraite, sans vraiment se sentir concernés. Pourquoi réfléchir à ces grands enjeux quand on peut rejoindre les amis au café ou organiser un mariage ? Un peu décevant…

Dans tous les cas, le lecteur est tout de même ravi de retrouver la famille Abd el-Gawwad. Et la plume du grand auteur Naguib Mahfouz y est pour beaucoup. J'ai écrit en long et en large sur son style dans ma critique du tome précédent de cette trilogie, je ne me répéterai pas ici. Réalisme, attention aux détails, rigueur historique, etc. Ce que je peux ajouter, c'est que les personnages sont extrêment bien travaillés. On en sait peu mais suffisamment sur leurs caractéristisques physique, toutefois, leurs caractéristiques psychologiques et sociales, ainsi que leurs valeurs morales sont décrits avec soin, tellement qu'ils ont l'air réel. Ils sont complets. Et leur évolution psychologique est toute aussi intéressante. Tous les personnages principaux sont lancés sur une voie de laquelle il leur est difficile de s'en éloigner. Parfois, ils en deviennent un peu prévisibles (comme quand Yasine continue à autodétruire ses relations maritales) mais l'auteur s'arrange toujours pour nous réserver des surprises. Par exemple, à la fin du tome, je m'attendais à la mort d'un des personnages – question de finir sur une note dramatique, comme dans le tome précédent – eh bien, celui que je m'attendais à voir disparaître n'est pas celui qui est mort. Bref, une belle incursion dans l'intimité d'une famille égyptienne.
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