Citations sur Jamais sans ma fille (57)
- Je jure sur le Coran que je ne t'obligerai pas à rester en Iran. Je jure sur le Coran que je ne t'obligerai jamais à vivre dans un endroit, contre ta volonté.
- Qu'est-ce que tu veux dire au père Noël ?
- Je veux qu'il aille dire bonjour à papy et mamy… et qu'il leur dise aussi que je vais bien, parce qu'après ils seront contents pour Noël.
[…] Si seulement il pouvait l'enlever sur son traîneau, faire courir les rennes par-dessus les montagnes, en dehors de l'Iran, à travers l'océan, et la déposer sur le toit d'une maison du Michigan où elle pourrait délivrer elle-même son message à son grand-père et sa grand-mère, devant le sapin !
[…] les "dames Pasdar" l'ont gardée près de deux heures dans le fourgon, en la sermonnant. Elles voulaient savoir si elle disait ses prières. Elle leur a dit que non. Elles voulaient aussi lui faire promettre de ne plus utiliser de vernis, de ne jamais porter un maquillage quelconque. Elle a dû promettre de faire pieusement ses prières. Sinon, les "dames Pasdar" la vouaient à l'enfer.
Et si Moody allait me tuer réellement ? Que se passerait-il pour Mahtob ? Est-ce qu'il la tuerait aussi ? A moins qu'elle grandisse en se pliant à ses exigences folles. Alors elle deviendrait comme Nasserine, comme Essey, enfermant son intelligence et sa beauté, son âme, son esprit, derrière un tchador.
En dépit du brouillard dans lequel je survis, malade et abrutie par les médicaments et les drogues de Moody, la réponse m'apparaît clairement.
Personne ne peut m'aider.
Il n'y a que moi pour nous sortir de là.
Pas d'anesthésique dans un hôpital au service d'urgence ! [...] Mais comment empêcher une enfant de cinq ans d'être terrorisée par l'aiguille à suture que le médecin ajuste devant elle ? Moody cherche à la calmer, d'un ton sec, et l'immobilise fermement sur la table de soins. Ses petits ongles griffent ma main. Pris d'une crise de larmes qui frise l'hystérie, la pauvre petite se débat malgré les bras musclés de son père qui la maintient avec force. Je ne peux pas regarder cette aiguille qui lui perce la peau. Elle pousse des cris aigus qui résonnent dans la petite pièce, et chaque cri me brise le cœur. La haine me submerge. C'est sa faute, sa faute à lui, le père, qui nous a entraînés dans cet enfer.
Les mères allaitent leurs bébés devant tout le monde sans se soucier de montrer leurs seins, alors que le reste, menton, poignets, chevilles, est entièrement dissimulé !
Ameh cuisine généralement une sorte de ragoût de mouton pour le dîner, en faisant généreusement usage de ce qu'elle appelle dombeh. Le dombeh est une poche de graisse assez grosse, qui pend sous la queue des moutons. On la voit se balancer au pas de l'animal. Une fois recueillie, ladite graisse, au goût rance, sert de substitut à l'huile pour la cuisine. Ameh garde son dombeh dans le réfrigérateur et n'entame jamais la cuisson d'un plat sans en découper un bon morceau qu'elle étale dans la poêle. […] Et cette odeur de graisse pénétrante envahit la maison à chaque repas.
Devant nous, une véritable mare, presque une piscine de sang frais, rouge et luisant, nous sépare de la rue. Ma petite fille se cache la tête dans les mains. Mais calmement, Moody nous explique que sa famille a acheté un mouton, tout à l'heure, à un vendeur des rues, que ce dernier l'a égorgé dans la cour en notre honneur. Ce rite aurait dû être accompli avant notre arrivée pour nous permettre de marcher dans le sang avant de pénétrer pour la première fois dans cette maison. Ce qui veut dire que nous devons refaire notre entrée, et traverser la mare sanglante pour accomplir le rituel. […] J'estime qu'il s'agit là d'une tradition stupide, mais je ne veux offenser personne, alors je cède.
Parfois, la nuit, je me tiens debout sur le petit balcon, je regarde la lune et je pense qu'aussi grand que soit le monde, il n'y a qu'une seule lune, la même pour Joe et John, papa et maman, la même pour moi. C'est la même lune que Mahtob peut voir.
D'une certaine manière j'ai l'impression d'être reliée à eux.