Veillées
extrait 3
Peut-être faut-il
un peu de soleil dans les herbes
pour ouvrir le chemin
et pour dire qu’il est temps
de partir au-devant de notre ombre
allongée sur les seuils
mais avant juste avant
il y a ce moment
où rien n’existe
hors un rayon lâché
au travers des nuages
juste pour éclairer
ce qui doit l’être.
En vérité
tout t'incite au silence
au point que sur la page
tes mots hésitent
à devenir poème.
Regarde
au bout de ces terres
proches et lointaines
où tu reviens toujours
malgré toi
mais surtout n'efface rien
de ta page éperdue
et reste fidèle
à ton enfance
en allée.
Bruyères et feuillages
nous confortent
dans ce que nous n'osons
nous avouer
car l'inquiétude nous égare
au point de nous faire oublier
que mourir n'est pas mourir
mais juste aller
à jour passant.
Nous faisons confiance aux horloges
pour oublier peut-être
que la mémoire
répète à l'envi
que cette vie ressemble
quoi qu'on fasse
à une salle
des pas perdus.
Il faudrait ne compter sur rien d'autre
que la lumière
à claire-voie dans les arbres
et la musique silencieuse des flammes
dans l'âtre du crépuscule
pour en finir
avec les ombres qui cernent
notre regard
et ces mots de trop
qu'un peu de vie et de mort
mettent à la page.
Veillées
extrait 1
Avant d’aller plus avant
encore
ici ou ailleurs
peut-être vaut-il mieux
refaire
la route à l’envers
ou laisser le vent
traverser la mémoire et les sous-bois
empreints d’absence
pour finalement
rebrousser chemin
et se mettre
enfin à vivre.
Tu ne sais rien
ni de l'heure ni du chemin
et tu pèses aujourd'hui
moins lourd qu'un rayon
à travers bois
il te reste encore
c'est peu dire
les mots sans suite
que tu alignes là
pressé déjà d'avoir
à tourner la page.
Ce que nous cherchons
est sans nom
et nous y sommes
déjà
à quelques ratures près.
à quoi bon forcer à nouveau
et le jour et la nuit
puisque notre liberté réside
dans le peu de temps
qu'il nous reste ?