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Critique de Philemont


Classique du Nouveau Journalisme, et lauréat du prix Pulitzer en 1980, le chant du bourreau est consacré à la vie de Gary Gilmore, tout particulièrement à ses six derniers mois. Petite frappe depuis son enfance, à trente-cinq ans l'homme a passé plus de temps en prison qu'en liberté. En juillet 1976, alors qu'il est en conditionnelle, il attaque une station-service et un motel pour quelques dollars dans la caisse, et abat deux hommes. Très vite arrêté et jugé, il est condamné à la peine capitale. Mais le cas Gilmore est singulier puisqu'il refuse de faire appel, ainsi que tout recours en grâce, alors même que sa peine aurait pu aisément être commuée en prison à vie. Les Etats-Unis ont en effet instauré un moratoire de fait sur la peine capitale, aucune exécution n'ayant eu lieu depuis 1967 dans le pays. Quand Gilmore gagnera sa bataille, le 17 janvier 1977, il y mettra brutalement fin, les exécutions reprenant progressivement un peu partout dans le pays.

Pour mettre en scène une telle histoire, Norman MAILER s'est appuyé sur trois années d'enquête. Il a ainsi recueilli une multitude de témoignages, allant de la famille de Gilmore aux gardiens de prison, en passant par ses amis et ses avocats, mais aussi par les proches de ses victimes et les acteurs des mondes judiciaire et médiatique. Parmi tous ces personnages, la maîtresse de Gilmore, Nicole Baker, joue un rôle prépondérant dans l'évolution de la personnalité de ce singulier anti-héros en se posant comme une pauvre jeune femme totalement paumée dans un monde impitoyable.

Quant à ce monde c'est celui de l'Amérique profonde, celle des gens pauvres et déshérités de l'Ouest (toute l'histoire se déroule dans l'Utah où se concentre une forte communauté mormone). A ce titre la première partie du roman est particulièrement réussie, Norman MAILER se concentrant sur la vie personnelle de Gilmore et de ses proches. La seconde partie en revanche est empreinte de quelques longueurs, l'auteur s'attachant à décrire avec minutie la bataille judiciaire anachronique de Gilmore, notamment comment il convainc ses avocats du bien fondé de son objectif, et la façon dont il utilise les médias pour arriver à ses fins. Cela est certes riche d'enseignements sur le fonctionnement de la justice et le pouvoir de la presse aux Etats-Unis, mais à l'échelle de cette oeuvre massive (plus de 1 300 pages), c'est aussi parfois répétitif.

Reste que le chant du bourreau est une oeuvre forte, tant pour son sujet principal, que pour son aspect sociologique. de plus, même si elle relate des faits relativement anciens, elle demeure aujourd'hui terriblement d'actualité.
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