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4,04

sur 246 notes
Tout au long de ma lecture, je me suis demandé pourquoi ce livre maintenait sur moi de bout en bout, en dépit de ses longueurs et du foisonnement de personnages propre à brouiller la focale de lecture, un tel pouvoir de fascination.

Dans la première partie qui va de la libération du pénitencier de Gary Gilmore après 22 ans quasi ininterrompus de captivité jusqu'à sa condamnation à mort quelques mois plus tard suite aux deux assassinats commis de sang-froid, j'ai eu d'abord le sentiment de plonger en totale immersion dans un grand roman américain au coeur de l'Utah mormon, sans vraiment d'empathie pour Gilmore, personnage antipathique, frondeur, impropre à la vie en société. Et pourtant d'emblée fascinant, dans sa manière de se débattre contre ses propres démons, dans son histoire d'amour trash et solaire avec Nicole, femme-enfant paumée, et pour le caractère inéluctable de sa trajectoire vers la violence et la mort.

La seconde partie, qui couvre l'incarcération de Gilmore jusqu'à son exécution, m'a d'abord perdue au milieu de la constellation de protagonistes du monde légal, de l'Etat, de l'église mormone, de la presse, de la société civile s'agitant dans un foisonnement de détails parfois fastidieux autour du prisonnier et du bien-fondé ou non de sa mise à mort.

Mais dans cette agitation, la figure immobile d'un Gilmore déterminé, dérangeant, et d'une acuité intellectuelle stupéfiante se détache de plus en plus fortement, au point de littéralement m'aimanter comme un soleil noir.

Il va sans dire que « le chant du bourreau » est un brillant réquisitoire contre la peine de mort. Mais il en irradie également tout un spectre de lumières sombres et troublantes qui m'ont subjuguée et dont la portée dépasse largement le fait de société.

Ce livre m'a été mis dans les mains un peu par hasard par un bouquiniste de Morlaix, et je suis d'autant plus heureuse de l'avoir découvert qu'il me semble que l'on n'en écrira plus de semblables.
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Prix Pulitzer en 1980, le Chant du bourreau dresse le portrait de Gary Gilmore connu des Américains comme étant le premier condamné à être exécuté après le rétablissement de la peine capitale en 1976.

Le Chant du bourreau est une des oeuvres phare de ce genre littéraire américain appelé New Journalism. Ni un document ni tout à fait un roman, un travail très particulier sur la fiction dans sa puissance à rendre le réel, le mettre en perspective, à en exploiter les détails. Dans ce texte fleuve, Mailer sonde, retranscrit, exploite le matériel énorme, expliquant sa méthode dans le chapitre qui clôt le roman (" en guise de posface "). " le récit est aussi exact que possible (…), un récit fondé sur les faits – cette histoire vraie d'une vie, j'ose le dire (…) – comme s'il s'agissait d'un roman ".

Au long de 1300 pages, Norman Mailer retrace le parcours de cet américain moyen privé de liberté pour avoir commis des petits larcins durant son adolescence. Après sa sortie de prison cet homme broyé par l'univers carcéral réapprend à vivre une existence banale comme les autres. Mais la parenthèse se ferme lorsqu'il assassine sans raison et de " sang froid " deux jeunes hommes sans histoire, ce qui le renvoie aussi sec en prison. Il est jugé et condamné à mort au terme d'un procès bâclé. Refusant tout recours, luttant contre les abolitionnistes, sa propre famille, certains de ses avocats, les croyances religieuses, politiques et morales, Gilmore choisira la mort, choisira de se faire fusiller dans un pénitencier de l'Utah en 1977.

La puissance du roman tient dans la démesure : Norman Mailer s'attarde sur la personnalité de cette figure de meurtrier, fouille les détails de sa vie.
Gary Gilmore apparaît comme un personnage complexe, doté d'une intelligence et d'une culture supérieure à la moyenne, qui oscille perpétuellement entre le bien et le mal dont la culpabilité est avéré mais qui se présente comme une victime d'une société refusant le mal dont elle est rongée.
Lorsqu'il essaie de mourir dans la dignité et qu'il grandit dans sa lutte pour finir sa vie, le cirque va se mettre en place, les médias vont s'engouffrer dans cette affaire, ainsi que les affairistes qui vont l'exploiter avec des contrats d'Hollywood et des ventes de tout type (lettres, tee-shirt,…). L'auteur peint avec un humour corrosif toute cette pantomime de l'hypocrisie. Gary deviendra une star exhibitionniste du fond de sa cellule et mènera même la danse.
Mailer n'enferme pas Gilmore dans une image unique : il est à la fois détestable et admirable, criminel et artiste – il dessine remarquablement mais tenait " à un grand succès, à devenir un artiste renommé, pas un manoeuvre de l'art commercial " .

L'auteur met en scène toute une galerie de personnages stupéfiants. Chacun d'eux est l'objet d'une notice biographique, de quelques lignes à plusieurs chapitres , Norman Mailer montrant combien chaque vie s'imbrique à celle d'autrui, change son cours, façonne des pensées, des comportements. Il peint une Amérique profonde avec ces gens perdus, incultes, pathétiques mais aussi attendrissants. Derrière le portrait de Gary Gilmore, il y a aussi une formidable photographie de la société américaine des années 1970 et d'une communauté mormone très conservatrice.

Et puis, on ne peut pas lire ce roman sans être touché par la terrible histoire d'amour qui le traverse, celle unissant Gary Gilmore et Nicole Baker, jeune fille de 19 ans, paumée, rencontrée quelques semaines avant de commettre l'irréparable. Cette passion, faite de sexe, de coups, de rupture et de retour, de lettres enflammées (quand les deux amants sont séparés au cours de la détention) apporte une dimension tragique supplémentaire. Car l'union de ces deux destins brisés se révèle impossible.

Le Chant du bourreau est d'une force et d'une tension hypnotique, une fois commencé on a du mal à le lâcher. Ces 1300 pages se lisent facilement, d'autant plus qu'on est accroché à l'histoire dès le début. C'est merveilleusement bien écrit. Ce "roman" pourrait se décomposer en plusieurs récits tant il est riche. C'est une comédie humaine, un roman social, un roman politique, un roman d'amour.

Un livre qui secoue. J'ai trouvé cette histoire fascinante, époustouflante et je pense que le visage de Garry va me hanter un certain temps... La scène de l'exécution de Gilmore, dans les derniers chapitres du roman, celle de sa crémation, ensuite, sont magistrales. Un livre à découvrir !
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Une histoire d'amour américaine :
C'est l'amour vache ! Nicole quitte Gary parce qu'il la frappait. Elle a raison ! Lorsqu'ils sont appelés à moins se voir, par la force des choses, tout va bien. Incompatibilité d'humeur ? On s'aime mais pas en vivant ensemble. Oui, certainement.
La suite lui donnera raison.
Gilmore, Gary, double assassin. Histoire qui fascina l'Amérique à son époque.
Norman Mailer et son livre :
Juger un livre ayant eu autant de récompenses est bien prétentieux, disons que, sans juger, je dis ce que je pense de l'exercice de style de M. Mailer.
Excellent tout au long du livre I, le récit tombe platement lorsqu'il s'agit de maquignonner les droits d'écriture et d'images (qui se soucie de la jeunesse de rugbyman de l'un, de la chiasse de l'autre...).
J'aurais écrit : Schiller a obtenu les droits d'écriture et d'images de l'histoire de Gary, (Mailer nous aurait épargné 200 pages inutiles, cependant bien écrites.), tout le monde se fout des droits de l'histoire des victimes. C'est suffisant.Ensuite, les gros sous débattus, le roman reprend son rythme et son intérêt revient.
Le style de Mailer est, indéniablement, celui d'un écrivain de grand talent. Il n'est pas alambiqué mais terriblement tranquille, très descriptif, journalistique, sans que ce soit péjoratif. Les phrases sont courtes, les dialogues incisifs, l'intrigue pensé, prenante et bien menée.
J'ai été moins emballé que par "De sang froid" de Capote ou "Un tueur si proche" de Ann Rule.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Récit circonstancié et passionnant d'un fait divers : Gary Gilmore assassina le 20 juillet 1976 Max Jensen, employé d'une station service et Bennie Bushnell, employé d'un motel, à Provo (Utah) : tous deux étaient des étudiants mariés et pères d'un jeune enfant. Il fut condamné à mort et milita pour sa propre exécution alors que tous voulaient commuer sa peine en détention à perpétuité.
Le style de ce livre est très américain dans le bon sens du terme, c'est-à-dire avec une distanciation qui ne nuit pas à l'immersion totale du lecteur dans l'histoire des personnages.
Alors pourquoi l'ai-je abandonné (pour l'instant...), et pourquoi en faire une critique ?
Cela tient à moi et à mon programme de lectures.
A mon âge on voudrait tout étreindre, et ce livre est très très long (1300 pages).
Et puis, comme dit Michel Audiard "Ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa g..."

J'ai visionné une vidéo que je conseille : on y rencontre en vrai Gary Gilmore, sa proche famille et son amie Nicole Barrett : ce que l'on ressent au cours des scènes filmées et des interview est tout-à-fait conforme à ce qu'a su si bien rendre Norman Mailer, lequel a voulu faire de son livre un rival en mieux du livre "De sang froid" de Truman Capote.

https://www.dailymotion.com/video/x3dot4j

Gary Gilmore fit deux victimes directes et cinq indirectes : Max Jensen et Benny Bushnell, qu'il tua sans autre raison que la rage accumulée en lui et sans qu'ils soient le moins du monde concernés ; leurs épouses devenues veuves ; leurs jeunes enfants, devenus orphelins ; et lui-même.

C'est la tragédie d'un homme à l'enfance martyrisée, qui passa de longues années en prison pour des délits mineurs et indiscipline majeure, qui se cultiva, exerça des talents artistiques de peintre incontestables, mais qui ne supportait plus la prison, ni ses propres actes et suffisamment lucide pour se savoir exposé à la récidive.
Un homme qui se considérait lui-même comme un être nuisible et qui supplia la société de se protéger et de le délivrer de lui-même.

Les personnes qui assistèrent à son exécution témoignèrent que les instants qui précédèrent sa mort le virent joyeux, chaleureux et plein d'humour.

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Ce livre est un true crime et raconte l'histoire de Gary Gilmore.

Gary a vécu la majeur partie de sa vie en maisons de correction ou prisons. A chaque sortie, son niveau de criminalité augmente jusqu'à son apogée qui le mènera aux meurtres de jeunes hommes.
C'est un personnage inquiétant, totalement inadapté et asocial. Pourtant il attire la sympathie des gens qui l'approche : avocats, gardiens de prison, membres de sa famille ou amis.

On découvre sa vie et celles de ses proches en Utah, au sein de la communauté des mormons. On est loin des mormons de la haute société ou de ceux fondamentalistes polygames. Il s'agit de l'Amérique profonde avec les mêmes problématiques que dans les Appalaches ou les Ozarks : misère et déchéance. Toutefois les vies de tous ces personnages sont passionnantes.

Le livre est très bien documenté, très bien écrit et intéressant.
Toutefois, c'est un pavé de plus de 1300 pages qui aurait pu se passer d'un bon tiers des chapitres à mon humble niveau : il commence aussi superbement qu'un Earl Thompson (des similitudes dans la plume) mais il est pollué à partir d'une bonne moitié par des longueurs sur la guerre entre scénaristes, producteurs ou écrivains qui se disputent les droits pour raconter son histoire, ce fut parfois pénible. de plus, se repérer dans une communauté où les personnages ont les mêmes prénoms ou noms de famille, il était parfois difficile de se repérer.

Je l'ai poursuivi tout de même jusqu'à la fin pour le bon travail de l'auteur mais je fus contente d'arriver à la fin et d'achever cette guerre télévisuelle.
Je le recommande toutefois aux amateurs du genre car il reste une bonne biographie d'un personnage qui fit frissonner l'Amérique.
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J'ai découvert le Chant du Bourreau, peu après sa parution en version française (1980) dans un gîte de vacances. Comme il « pèse » 1300 pages environ, je n'ai pas eu le temps de le finir. Mais il est toujours resté dans un coin de ma tête aussi lorsque je l'ai vu chez un vendeur d'occasion, il y a quelques mois, je l'ai acheté sans même réfléchir.
Le début m'a paru un peu long cette fois-ci, probablement parce que je n'avais pas encore pénétré dans le coeur du sujet, si l'on en croit la quatrième de couverture. En effet, Norman Mailer nous raconte la vie de Gary Gilmore par le menu depuis son enfance. C'est un personnage ambivalent, à la fois doux, tendre, aimant, attachant, et brutal, agressif, voleur, effrayant. Bref un personnage aux diverses facettes mais dont on sent, dès les premières pages, qu'il est condamné.
Quand il est libéré sur parole au début du roman, il est marqué par l'épreuve pour toujours car il a déjà passé la moitié de sa vie en prison. Il trouve pourtant du soutien chez Brenda, sa cousine et amie d'enfance, mais même chez elle, la foi en Gary vacille.
Plus tard, quand Gary se retrouve en prison de façon définitive (pour meurtre), il dit qu'il mérite d'être exécuté et n'a pas envie de combattre. On pourrait croire qu'il est lucide et regrette ses actes , mais par ailleurs il n'hésite pas à demander à Nicole, son amie, mère de deux jeunes enfants, de ne pas avoir un autre homme dans sa vie et de le suivre dans la mort, en se suicidant. Gary est intelligent et apparaît ici comme un manipulateur ; il faut préciser que Nicole l'avait quitté et leur relation était toute jeune.
Les points soulevés par ce roman sont nombreux : l'exploitation faite par les journalistes, entre autres, de cette affaire sur plusieurs plans, la réinsertion quasi-impossible de quelqu'un qui a passé plus de temps en prison que dehors, la relation amoureuse entre une très jeune femme et un meurtrier, les problèmes financiers des uns et des autres, l'alcool, la drogue, etc… Des longueurs parfois, quelques passages confus, probablement à cause de la traduction qui accuse quelques maladresses, mais dans l'ensemble un livre riche et qui interroge.
En effet, si l'écriture de ce roman a nécessité 1300 pages, cela prouve bien que l'on ne peut pas trancher la question de la peine capitale aussi facilement que certains le prétendent. On y entend le doute, les interrogations, aussi bien sur le « bienfait » de cette sentence que ses dérives possibles. La peine capitale « redresse-t-elle » le condamné ? Protège-t-elle la société ? Sert-elle d'arme de dissuasion ? Est-elle plus punitive ou formatrice que la condamnation à perpétuité ? Est-elle moralement acceptable alors que notre civilisation se fonde sur l'un des préceptes bibliques « Tu ne tueras point » ? Et bien d'autres questions encore, que se posent non seulement les adversaires de la peine de mort, mais également ses partisans, notamment à force de côtoyer le prévenu en prison ? Sa mort ressuscitera-t-elle les victimes ? Est-ce une vengeance ? Ou, pour utiliser les termes de l'auteur, s'agit-il d'un homicide judiciaire, légal ? Bref un débat sociétal et personnel qu'on ne peut conclure en un claquement de doigt.
A ne pas lire à un moment où vous avez plus envie de vous détendre qu'autre chose, mais c'est à mon avis un livre qu'il faut avoir lu et qui ne peut laisser indifférent ; la fin , en particulier, est très émouvante ; je vous laisse découvrir pourquoi.

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Quoi que l'on fasse, on revient toujours à ses fondamentaux. Ici, l'Amérique et sa littérature. Depuis quelques années, je cherchais le chant du bourreau qui n'était plus édité depuis longtemps. Et puis voilà, un jour, le miracle arrive à la librairie du coin tandis qu'Un long silence s'achève. le chant du bourreau de Norman Mailer n'est certes pas une nouveauté mais quel livre magistral sur l'Amérique. D'un fait divers hors norme, Mailer extrait le sang, le pus, ce que l'on cache. A l'opposé du de sang froid de Truman Capote qui glace le sang mais dont l'écriture garde le vernis mondain propre à l'auteur, Mailer plonge corps et âme dans cette histoire folle pleine de sang, de sexe, de fureur, de cris. En 1976, Gary Gilmore, 36 ans, tue de sang froid deux jeunes hommes mariés et père de famille. Il a déjà passé plus de la moitié de sa vie en prison. Enfermé à 13 ans dans un centre de rééducation, il en ressort pour s'enfoncer encore plus dans la délinquance. Dans plus de 1 500 pages que l'on ne peut lâcher tant la tension va crescendo, Mailer raconte donc ce crime et ce qui a suivi. Condamné à mort dans un Etat qui n'applique plus cette peine, Gilmore va tout mettre en oeuvre pour que la sentence soit appliquée. Et par là, déclencher une formidable tempête médiatique et juridique aux Etats-Unis comme dans d'autres pays. L'histoire peut se séparer en deux temps comme le titre du beau film de Douglas Sirk : celui d'avant les crimes, le temps de l'amour et celui d'après, le temps de mourir. L'histoire d'amour est à la fois fascinante et répulsive qui met en scène deux êtres fragiles et cabossés. Mailer glisse dans son texte les lettres des amoureux, des textes pleins de poésie.
La seconde partie est un véritable thriller juridique, haletant, ponctué de rebondissements, de coups de théâtre avec d'innombrables avocats tantôt nuls, tantôt épuisés, un procureur inflexible, un directeur de prison sensible, des associations contre la peine de mort, des journalistes charognards ; chacun a un avis sur la question, le tout en terre mormone. Ce qui n'est pas rien. La peine de mort, les longues peines de prison, l'enfermement des jeunes délinquants, la place des journalistes autant de sujets de réflexion pour le lecteur. Pourtant Mailer ne s'arrête pas à poser telle ou telle question : il avance à sa manière, celle d'un ogre. L'un des personnages-clé du roman peut se permettre quelques états d'âme : Lawrence Schiller. On peut croire que ce livre existe grâce à ses interviews et aux liens tissés avec les principaux protagonistes de l'histoire. Il y a enfin, le personnage central, Gary Gilmore, fascinant parce que mystérieux… comme la majorité des êtres humains. Très intelligent, cultivé, l'amoureux de Nicole est aussi un être violent, probablement brisé par les années d'enfermement et une enfance sombre. Dont il ne parlera que pour dire du bien de sa mère, Bessie. Quelques années plus tard, son plus jeune frère se chargera du portrait de leurs parents et racontera ses souvenirs d'enfance dans Un long silence.
Le chant du bourreau est une grande lecture, de celle qui vous marque définitivement.


Lien : http://manoes.canalblog.com
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Le chant du bourreau de Norman Mailer
Gary allait sortir du pénitencier, sa cousine Brenda avait accepté de le « cautionner » son mari Johnny avait été plus réticent mais finalement Gary débarquait chez eux à Provo près de Salt Lake City, ils avaient été le chercher à l'aéroport. On lui présente la famille, Toni la petite soeur de Brenda mariée à Howard, Vern et Ida, ses parents. Dès la première semaine on lui présente Lu Ann, une rouquine avec des enfants. On lui trouve un boulot dans la cordonnerie de Vern. Gary a passé 18 de ses 20 dernières années en prison, il avait failli se marier avec Betty, une relation par correspondance mais elle était morte pendant une opération. Gary tape Vern de quelques dollars régulièrement pour boire des bières mais Vern a peu d'argent, Brenda en parle à Gary. Ida présente Marge à Gary mais ce dernier se précipite trop vite et l'effraye. Il part en stop et quitte l'Utah ce qui lui est interdit. Problème avec Mont Court l'inspecteur chargé de sa probation. Évite la prison, nouveau boulot chez Spencer, sort beaucoup le soir, excédé de ne pas avoir de petite copine, devient violent et agressif verbalement. Joue au poker avec Rikki et un soir sort avec Nicole sa soeur âgée d'une vingtaine d'années. Elle a une fillette de quatre ans Sunny dont elle s'occupe peu et un petit garçon, Jeremy. Trois mariages (Barrett, Eberhardt et Joe Bob)entre des séjours en asile et des mecs en pagaille, c'est oncle Lee ce salaud qui avait commencé, elle avait 11 ans. Gary s'installe chez elle. Il se bat avec Pete et se prend une raclée, Pete craint de se faire tuer et téléphone à son agent de probation qui dit ne rien pouvoir faire. Pete porte plainte mais finit par la retirer et prend une assurance vie. Gary boit trop, veut voler l'homme qui lui donne du travail. Il enchaîne les ennuis, la voiture qui ne démarre jamais le matin, Barrett l'ancien mari de Nicole qui revient, on ne veut pas lui vendre une camionnette sans caution, il vole des packs de bière tous les jours. Il achète deux pistolets, à un accident de voiture, passe au tribunal et échappe à la prison car il s'était présenté volontairement à Mont Court. Après quelques temps, Nicole quitte Gary sans lu dire où elle va. Finalement Gary obtient la camionnette qu'il convoitait, mais la mère de Nicole chez laquelle il passe récupérer un pistolet qu'il avait déposé le trouve bizarre mais il ne sent pas l'alcool. Gary va à la station d'essence et me ce Max Jensen de son browning 6.35 il lui fait vider ses poches, puis s'allonger par terre. Il lui tire deux balles dans la tête »une pour moi, une pour Nicole »!
Gary emmène ensuite April au cinéma passe voir Brenda et va dans un motel avec April. le corps du pompiste est rapidement découvert. Debbie trouve son mari Ben allongé dans une mare de sang, il dirigeait le City Center Motel, Gary avait emporté l'argent. Il jette le pistolet mais se prend une balle dans la main. C'est en repassant au garage prendre son véhicule que Norman Fulmer remarqua que Gary était blessé à la main. Il contacte Brenda pour qu'elle vienne le soigner mais elle va le retarder pour qu'il soit arrêté par la police. En prison, Gary nie le vol et les meurtres prenant April comme alibi. Puis en discutant avec le lieutenant Nielsen, reconnaît tout. Bessie la mère de Gary ne peut croire qu'il ait tué. Longues lettres à Nicole, expertises à l'hôpital psychiatrique qui concluent qu'il est sain d'esprit.
Ainsi s'achève la séquence entre la sortie de prison où Gary a passé 18 ans et sa nouvelle incarcération qui aboutira à sa condamnation à la peine capitale. Ce résumé représente une infime partie de ce pavé qui s'intéresse ensuite aux suites du procès jusqu'à l'exécution.
Un véritable travail de journaliste incroyablement détaillé, peut être même un peu trop tant le nombre d'intervenants est important mais dont l'analyse éclaire la complexité de ce personnage qu'est Gary Gilmore tant dans sa vie d'homme libre que dans son attitude lorsqu'il est condamné à mort, ainsi que les méandres de la justice américaine quand il est dans le couloir de la mort.
Gary Gilmore est né en décembre 1940 et mort en janvier 1977.
Prix Pulitzer 1989.
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« J'ai toujours été capable de tuer, dit Gilmore. Il y a une partie de moi-même que je n'aime pas. Par moment je peux être totalement dénué de sentiment pour autrui, tout à fait insensible. Je sais que je suis en train de commettre quelque chose d'affreux, mais je continue et je le fais. »

Passionnant d'un bout à l'autre, c'est avec une certaine nostalgie que j'en ai achevé la lecture ; et ce malgré ses 1300 pages !
Il y a quelques années de cela, j'avais déjà été subjuguée par le tristement célèbre Gary Gilmore ausculté du point de vue de son frère cadet Mikal Gilmore dans le remarquable ″ Un long silence ‶. Et forcément, j'ai assez eu vite envie d'aborder l'ouvrage de Norman Mailer qui lui valu son second Prix Pulitzer.

Ce document est une oeuvre journalistique exhaustive qui reprend de manière chronologique la vie et la mort de Gary Gilmore sous tous les angles possibles. On y retrouve donc sa famille, proches et moins proches, ses femmes et surtout celle qu'il a aimée envers et contre tout, ses juges et la presse qui a tourné autour de l'affaire de loin comme de près.

Pour faire un bref rappel des faits, nous sommes au milieu des années 70, Gilmore alors âgé de 35 ans est en liberté conditionnelle après un long parcours judiciaire et carcéral. A peine quelques mois plus tard il se rend coupable de deux meurtres pour lesquels il sera condamné à mort. le hic de l'histoire, c'est que, primo, l'Utah (terre des Mormons, un détail qui aura son importance pour la suite) n'applique plus la peine capitale, et, secundo le condamné va refuser catégoriquement tout recours pour commuer sa peine, tout appel et fera tout pour être mis à mort. Gilmore est ″l'homme qui voulait mourir ‶

« Pour l'instant je suis prisonnier de mon corps. Je suis enfermé en moi-même. C'est pire que la prison. »

Norman Mailer fait donc ici une photographie quasiment minute par minute de tout ce qui s'est passé autour de cette affaire.
Il met en lumière le système judiciaire compliqué des Etats Unis du en partie à la coexistence d'un système propre à chaque état et des grands principes ayant la primauté sur les lois de chaque état.

Mailer met également en lumière un état dans l'état : la presse et toutes les manigances des journalistes indépendants comme des grands groupes, chacun à la recherche de l'exclusivité.

Mailer laisse une large place à l'environnement familial et intime. Il y a beaucoup de lettres entre Gilmore et Nicole, celle qui était prête à mourir en même temps que lui.

Dans cet état mormon, il faut aussi souligner le rôle des abolitionnistes dans cette véritable course contre la montre que Gilmore finira par gagner.

Dénué d'affect, avec malgré tout une évidente opposition de l'auteur à la peine de mort, ce livre se lit comme un ouvrage journalistique parfaitement écrit et redoutablement et diversement documenté.

Certes le ‶morceau ″ peut effrayer : 1300 pages, et un certain poids dans la main. Mais il est très abordable, passionnant ; et pour peu que l'on ait un peu de temps devant soi et l'esprit suffisamment libéré du quotidien, il n'y a aucune raison de ne pas en venir à bout !


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1976 – Gary Gilmore sort de prison (après une très lourde peine) en libération conditionnelle, grâce à l'aide de ses cousines Brenda et Toni et de ses oncle et tante, Ida et Vern qui vont lui fournir un travail. À plus de trente-cinq ans, il a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux. Mais le quotidien avec cet ancien détenu, colérique, brutal, alcoolique de surcroit et horriblement vulgaire, n'est pas vraiment une partie de plaisir pour ses proches … Gary tombe rapidement amoureux fou de Nicole, dix-neuf ans, mère depuis l'âge de quinze ans. Une jeune femme perturbée qui pourrait pratiquement être sa fille … Il va s'installer chez elle et ses deux enfants, à Spanish Fork. Deux paumés qui croyaient aveuglément au karma et s'étaient enfin trouvés, pour le meilleur et surtout pour le pire. Une idylle passionnelle qui sera de courte durée. L'instabilité de Nicole, la violence et la jalousie destructrice de Gary en viendront rapidement à bout …

Et puis, le drame en juillet de la même année, le jour ou Max Jensen croisera la route de Gary Gilmore dans une station service … Idem pour Ben Bushnell qui tenait un motel, et le surprendra en flagrant délit de cambriolage … Les experts psychiatres diront de lui qu'il a une intelligence supérieure, doublée d'une grande culture littéraire, bien qu'il soit incontestablement un psychopathe antisocial. Gary Gilmore qui croit à la réincarnation n'aura de cesse d'être exécuté afin de mettre fin à son existence ratée (ainsi un nouveau passage sur cette terre lui redonnerait toutes ses chances …)

Norman Mailer a produit (quelques années après ce drame) un travail de fourmi, une documentation monumentale. Tout y est décortiqué, analysé : l'enfance de Gary Gilmore, de ses cousines, de Bessie sa mère, de Nicole également. Sans oublier les deux victimes. L'état d'esprit de chaque protagoniste, un millier de petits détails afin de tenter d'expliquer l'inexplicable. D'être au plus proche des faits en restant le plus neutre possible, n'épargnant ni Gary, ni Nicole, pas plus que les politiques et les journalistes qui ne se conduisirent pas toujours de façon très noble, dans ce « fait divers » hors norme …

Gary Gilmore, qui écrivait d'aussi belles lettres d'amour à Nicole et pourtant lui demandait de se suicider pour n'appartenir à aucun autre homme après son exécution (et ainsi pouvoir bénéficier d'un karma en même temps que lui) restera à tout jamais une véritable énigme.

Un très beau texte de ce grand écrivain qu'était Norman Mailer, parfois très cru, parfois extrêmement noir et désespéré, qui ne peut en tout cas laisser personne indifférent.
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