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Critique de Liliz


Merci à Babelio et aux éditions « Les Rêveurs » pour ce magnifique livre illustré, tant par sa qualité graphique que par sa qualité littéraire. Tout particulièrement merci à Nicolas pour la petite carte insérée au sein de « El Gran Surubi ».

J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique au mois de décembre, je l'ai lu directement… Mais une chronique sur un tel livre, si riche, m'a pris pas mal de temps. Un temps de réflexion pour en parler au mieux, pour décortiquer « El Gran Surubi », une histoire très étrange sur fond d'Amérique Latine.

Un homme, au sortir d'une relation amoureuse, se sent démuni face à cette vie qu'il ne considère plus comme la sienne puisque la femme qu'il aimait l'a quitté sans possibilité de retour en arrière. Les seuls moments de paix sont les parties de football avec ses amis. Il respire enfin le temps d'un match. Tout à coup, son unique moment de liberté et de fraîcheur prend fin lorsque des militaires viennent interrompre cette partie de plaisir afin d'enrôler tous les hommes présents dans une bataille : chasser le grand Surubi. Puis le récit s'obscurcit et laisse place à un univers de terreur. Cette pêche se transforme peu à peu en un embrigadement militaire. Les illustrations s'assombrissent et donnent à l'histoire un côté encore plus horrible. le lecteur se sent mal à l'aise, plongé dans un monde oppressant, à la limite du fantastique, face à la cruauté de l'Humanité. Les hommes deviennent des appâts vivants pour attraper ce mythique poisson des eaux latino américaines, qui peut mesurer jusqu'à un mètre soixante-dix et peser jusqu'à cinquante kilos.

Je suis réellement restée muette à la fin. Que penser d'un tel livre ? D'un livre qui fait appel à tellement d'émotions, rempli de symboles… J'ai toujours apprécié la littérature latino américaine, elle est, pour moi, toujours poétique et a cette petite pointe de réalisme magique que l'on peut retrouver chez certains auteurs comme Gabriel Garcia Marquez ou encore Carlos Fuentes. C'est une des plus belles littératures au monde. Ici, Pedro Mairal, romancier et poète argentin, descend tout droit de cette tradition littéraire en insérant un élément extraordinaire, surnaturel, dans un monde complètement réaliste : un gigantesque poisson supposé mangeur d'hommes est chassé dans une Argentine en pleine famine, les hommes deviennent des leurres, le lecteur est à la limite de plonger dans un autre univers. Un univers cruel et sombre, magnifiquement rendu par les illustrations de Jorge Gonzalez, avec une palette de couleurs toujours en adéquation avec le texte, toujours aussi poétique que le texte.

Le lecteur est plongé dans un monde de cauchemars mais toujours poétique. le texte est composé de soixante sonnets, découpé en chapitres, qui m'ont transportée d'une émotion à une autre. La beauté des mots m'a beaucoup touchée, j'ai vraiment été sensible à cette alliance de mots, de rimes, de sonorités. « El Gran Surubi » est une version bilingue, par conséquent, j'ai pu apprécier la version originale en espagnol, aux sons différents. A noter que la traduction a su rendre parfaitement toute la poésie du texte de Mairal.

Cet ouvrage est plein de références historiques et littéraires. L'histoire de l'Argentine, de la crise, de la dictature est omniprésente. Une histoire torturée. La tension politique est palpable, le pouvoir oppressant et opprimant. Comment ne pas penser également à Ernest Hemingway avec « le vieil homme et la mer » et son combat courageux, à Melville et son « Moby Dick ».

« El Gran Surubi » est un très beau livre avec un texte d'une grande qualité littéraire et aux illustrations soignées. Un livre ciselé avec finesse. L'avantage des opérations Masse Critique est d'avoir accès à des livres à côté desquels nous serions peut-être passés. Pour cela, merci encore, car j'ai passé un grand moment de lecture plaisir.
Lien : http://bibobook.over-blog.co..
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