COMA
Je danse avec un ange
Sous le soleil du Sud
Dans une lumière étrange
Qui cache ma solitude
Et rien ne me dérange
Partent les inquiétudes
Dans une boîte, je les range
Loin de ma plénitude
Je remercie l’aurore
Trop plein de gratitude
Je veux que dure encore
La douce chaleur du Sud
Que vienne enfin la mort
Sans vicissitudes.
EAU DE VIE, FEU DE MORT
Je porte une coupe à mes lèvres
D’eau de vie, à l’éclat de l’aube
Sous la lumière suave et mièvre
Naissance du jour, qui déjà se dérobe
A la fontaine de jouvence, un doux âtre
Me prend dans sa brûlure, me dévore…
Régénéré de cette chaleur douceâtre
Je sens mon sang briller, dans la mort…
Comme mes cendres montent aux cieux
Mon âme elle, va descendre aux enfers
A jamais noyée, dans ce liquide délétère
Grillée, dans les ardeurs d’un calice de feu.
PACIFICATION
Le silence retentit
Dans une nuée de brumes
Le tank est sorti
Au clair de la Lune
Plus personne dans les rues
Rien que la mine aigrie
De ce monstre des dunes
Qui jamais ne sourit
Et quand il repartit
Seules, des ruines fument
Ensablées de folie
Et de pure amertume
La liberté perdue
La guérilla finit
Les canons sont venus
Éteindre les bruits
AU CREUX DE TES REINS
Donne-moi tes mains
Je te donnerai mes lèvres
Donne-moi tes seins
Je te donnerai mes rêves
Donne-moi tes reins
Je te donnerai mon cœur
Et je tiendrai tes mains
Pleines de douceur
Je caresserai tes seins
Me perdrai dans ce rêve
Au creux de tes reins
Sans aucune trêve.
Je suis un trou noir, je prends tout
Votre vie, vos rêves, vos espoirs
Et les étoiles, et les pulsars
Je suis un trou noir, je l'avoue.
Le loup s'approche
Mon sang se glace
Mon cœur s'accroche
Commence la chasse
[...]
La lune est pleine
La nuit est sûre.
Le loup assène
L'ultime morsure.
PLUIE MUSICALE
Il flotte un petit air
Au-dessus des nuages
Qui rythme les éclairs
La magie de l’orage
Et les trompettes surviennent
Entonnent le chant bien fort
Et quand les vents se lèvent
Ils rêvent et ils décorent
Et quand les flûtes s’éteignent
Les violons pleuvent encore
Ils s’étirent et ils saignent
Ils pleurent, souffrent la mort
Un tambour solitaire
Une onde qui se propage
C’est le dernier tonnerre
De la Nature en rage.
POÉSIE À MAINS ARMÉES
J’écris des vers, à la mitraillette
Pas un d’ceux-là, n’ont queue ni tête
Noircis la page, de mes désirs Lecteurs, lectrices !
Pour vos plaisirs
Je vous attaque plein d’émotions
Tristesse, bonheur… passons, passons !…
Je vous le dis, belle ironie
Lisez l’enfer, le paradis…
Et, sur ces quelques rimes en fête
Je déclare ma guerre avec passion
Pour faire la paix, c’est ma mission
À feu à sang, de maintes façons
Pourquoi se battre sans raison ?
CONTRE LA GUERRE !…Voilà mes mots.
Du fond de son cœur apatride
Des paroles murmurées
Et des fantômes horribles
Ululent à tout jamais.
METAMÉRIES
Mon ondine gracieuse
Dis : on dîne ce soir ?
Au bord de la Meuse
Aux chandelles d’ivoire
Danse une lumière pâle
Dansent les ombres noires
Habillée d’un voile
Que je déshabille
Tu m’es donc fatale…
Tu voiles mes pupilles
D’un cyan saignant
D’un vert qui frétille
Laisse filer le temps
Douce fée de la nuit
Aux reflets changeants
Tu m’as ébloui
Amour aveuglant
De métaméries.