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Citations sur Les rêves d'un Européen au XXIᵉ siècle (8)

En 1992, la Pologne comptait 2,3 millions de demandeurs d’emploi. À Gdańsk, sur le célèbre chantier naval Lénine – ce lieu où les ouvriers s’étaient tant battus pour une Pologne libre –, presque cinq travailleurs sur six perdirent leur poste.
« Avant, nous avions beaucoup d’argent, mais nous ne pouvions rien acheter », m’a dit une femme en 1999 dans un train pour Gdańsk. « Aujourd’hui, on peut tout acheter, mais nous n’avons plus rien. Finalement, nous en sommes toujours au même point. On va nous rendre fous. »
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En 1999, Internet n’existait presque pas, nous payions toujours en marks, en francs ou en florins, Google et Amazon n’étaient l’apanage que d’un petit groupe de passionnés. Nous étions encore à mille lieues d’imaginer un monde du travail et une sphère privée pratiquement dépourvus de supports papier. Le téléphone portable venait d’arriver sur le marché. Lors d’un micro-trottoir, un vidéaste néerlandais eut bien du mal à trouver un badaud percevant l’intérêt d’un tel appareil : « Pour quoi faire ? Mon répondeur me suffit. » « Joignable en permanence ? Vous n’y pensez pas ? »
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Vus du ciel, le gris et le brun se confondent. C’est la lune, fraîchement balayée par une pluie drue. C’est un sol troué de mille lacs, lézardé de mille cours d’eau. Comme les mares et les ruisselets qui se dessinent dans la vase lorsque la mer se retire, deux fois par jour, pour l’éternité. C’est un paysage de roches et de lichen, et une désolation infinie.Nous y sommes presque. Un arbre solitaire – d’un jaune éclatant à l’aube de l’hiver. Une maison rouge écarlate. Des usines surgissent çà et là, un vaste chantier naval, des boutiques et des habitations agglutinées autour d’une place, quelques grues, un port. La ville. Fendant la mer de glace, un chalutier rentre, bleu et noir ; on pêche ici le crabe royal du Kamtchatka, un animal hideux dont raffolent les tables étoilées d’Europe.

(INCIPIT)
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L’Europe n’est pas seulement divisée entre la gauche et la droite et le nord et le sud, a-t-il écrit, mais aussi entre ceux qui ont personnellement vécu la disparition d’une société et ceux qui ne la connaissent qu’à travers les manuels d’histoire.
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Le nouveau Premier ministre Vladimir Poutine est ainsi apparu à la télévision russe presque tous les soirs de cet automne-là ; lui seul pouvait apaiser les craintes et sauver le pays. Après un nouvel attentat à la bombe dans des immeubles d’habitation, il frappa fort : des chars et des bombardiers rasèrent pratiquement la capitale tchétchène de Grozny. En Europe, personne n’avait vu telle dévastation depuis la Seconde Guerre mondiale. Poutine affirma que les Tchétchènes n’avaient toutefois fait l’objet d’aucune attaque, mais avaient au contraire été libérés et placés « sous la protection de la Russie ». Selon lui, c’était le seul moyen d’empêcher la poursuite de la dissolution de l’Empire russe. Ses expériences en tant qu’officier du KGB dans la RDA démantelée l’avaient réellement traumatisé.
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On a longtemps pensé que la liberté et la démocratie de l'Occident parviendraient, lentement, mais sûrement, à conquérir l'Orient et le reste du monde. À présent, la tendance semble s'être inversée. Divisée, affaiblie, l'Europe se cherche. La Russie saisit la moindre occasion de semer la zizanie. La Chine exploite chaque recoin laissé en jachère par l'Europe occidentale - l'Europe centrale, les Balkans, la Grèce. Encore plus à l'ouest, un président a, dans les grandes lignes suivi pendant quatre ans la même politique de déstabilisation que les Russes et démantelé en toute hâte les règlements et les institutions de l'ordre mondial de l'après-guerre. Pour paraphraser Roger Cohen, journaliste du New York Times, le monde transatlantique de la fin du XXe siècle semble appartenir à une ere à jamais révolue. « Gone, man, solid gone. »
Comment expliquer pareil destin, compte tenu de l'optimisme dans lequel baignait l'Europe de 1999 ? Il y a bien longtemps, lorsque j'étais encore un étudiant sûr de son fait, un vieux journaliste, ancien résistant, m'a écrit : « Exprimer vos avis à la lumière du présent est tellement facile. Mais que pouvions-nous faire, nous, dans les années trente ? Nous avancions dans l'obscurité, à la lueur tremblante d'une bougie, tâtonnant, cherchant notre chemin dans une maison qui nous était totalement étrangère. »
Aujourd'hui c'est moi qui chemine d'un pas mal assuré, chandelier à la main.

Prologue 2018, p. 22-23
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Dans les universités, les sciences humaines – langues, histoire, philosophie, culture – furent discréditées du fait de l’impossibilité de mesurer le retour sur investissement. Une génération entière de talents a senti le sol se dérober sous ses pieds. [...] La dimension humaine semblait alors être tombée dans l’oubli.
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Vladimir Poutine avait sa propre façon d’organiser l’anarchie. Il apprivoisa promptement les mafias locales en leur proposant un pacte : traitez avec nous sans faire de vagues, et nous vous laisserons tranquilles. Il adoptera plus tard le même procédé avec les oligarques et les autres gangs russes. Ce faisant, il posa les bases d’un véritable « État criminel », puissant, ordonné et efficace.
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