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Bertrand Abraham (Traducteur)
EAN : 9782070774388
1054 pages
Gallimard (29/03/2007)
4.42/5   40 notes
Résumé :
(In Europa, 2004) - " Au début de 1999, j'ai quitté Amsterdam pour entreprendre un périple d'un an à travers l'Europe. Un dernier état des lieux, en quelque sorte: où en était le continent en cette fin de xxe siècle ? Et en même temps un voyage dans l'histoire, dont j'ai suivi littéralement les traces, tout au long du siècle, d'un pays à l'autre, en commençant en janvier par les vestiges de l'Exposition universelle de Paris et le souvenir de l'effervescente Vienne, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le plan du livre est symbolique : en 1999, Geert Mak, journaliste néerlandais, entreprend un voyage de 12 mois qui le conduit dans sur les lieux-mêmes où se déroule L Histoire.
Le voyage est réel. L'auteur confronte les villes visitées en 1999, avec les lieux où se sont déroulés les épisodes les plus marquants du siècle.

Il cherche des traces qu'il trouve (des hôtels, la villa sur le bord du Wannsee où s'est dessinée la solution finale) ou qu'il ne trouve pas (les restes du ghetto de Varsovie, un bout de trottoir).

Surtout il rencontre les acteurs de l'histoire, interroge leurs descendants, ou cite des écrits, études ou romans. La bibliographie est impressionnante. Il dresse des portraits saisissants : Guillaume II raconté par son petit-fils, Lénine dans le wagon plombé, Churchill dans son manoir, De Gaulle, Kohl... mais aussi de personnages moins connus en France. Deux Néerlandais, interviennent . Max Kohnstamm, un des acteurs de la Communauté européenne du charbon et de l'Acier, précurseur de l'Europe actuelle, collaborateur de Jean Monnet, prend la parole à la première personne. Il m'a fallu prendre du recul pour me rendre compte que ce n'était plus Geert Mak le narrateur. Même procédé pour Rudd Lubbers, ancien premier ministre des Pays Bas, lui aussi acteur de l'Union Européenne. La surprise fut moindre, j'étais déjà prévenue. Histoire des Grands Hommes, mais aussi quotidien d'inconnus, dans cette frontière mouvante de la Pologne et de l'Allemagne, à Novi Sad en Serbie... foule de personnages que j'aimerais retenir.

Comme correspondant de guerre, l'auteur excelle. Il raconte les tranchées, Ypres ou Verdun, le blitz sur Londres ou Coventry mais aussi Stalingrad, les bombardements alliés sur Berlin ou Dresde, les bombardements américains sur les ponts serbes, Srebrenica...Les récits de guerres n'ont jamais été mes lectures préférées mais il faut dire que j'ai été scotchée.

Auschwitz se trouve au coeur du livre, pile au milieu. Comme le noyau incompressible du siècle. Il me semble que tout a été raconté pour en arriver là, depuis les premières manifestations viennoises du tout début du siècle, depuis le traité de Versailles, la débâcle des spartakistes et de la République de Weimar, mais aussi les complaisances de la collaboration, des milices, des voisins. Geert Mak raconte, explique, démontre, que la déportation des Juifs n'était pas une fatalité, que la Bulgarie n'a rien cédé, ni le Danemark.

Il faut attendre 660 pages pour retrouver la Libération, l'arrivée des Russes à Berlin.

Je suis impatiente : comment Geert Mak va-t-il raconter mon 20ème siècle, les années 50 et après, ce qui a été pour moi l'actualité? J'ai hâte de confronter mes souvenirs à son analyse. Éclairage néerlandais mais beaucoup de voyages à l'Est : Prague et le procès Rajk, 1956 à Budapest bien sûr. L'Indochine, l'Algérie, c'est loin de l'Europe et la décolonisation est traitée rapidement. Vu de Paris, c'était cela l'actualité! 1968 occupe une place de choix. 68, ce n'est pas que Nanterre ou la Sorbonne! Cohn Bendit est cité 2 fois, quand même! Les années de plomb qui ont suivi en Allemagne et en Italie sont racontées. je retrouve mes souvenirs, avec du recul. Curieusement, l'auteur a zappé les deux phénomènes issus de 68 en France tout du moins : l'Écologie et le Féminisme, je ne lui en tiens pas rigueur, le livre est déjà si gros! Mais là aussi je ne m'y retrouve pas.
1989, 9 novembre,chute du mur. 1989 année charnière. le livre est passionnant. L'auteur non emmène en Pologne à Gdansk, à Prague, Noël à Bucarest. 89, année de tous les espoirs.
La dernière décennie se termine à Sarajevo après des années de guerres balkaniques. Désillusions?

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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D'accord, ce n'est pas un livre à glisser dans son sac, mais il mérite absolument d'être lu, en prenant le temps nécessaire. Un voyage géographique, conduisant l'auteur à travers (presque) toute l'Europe, sur l'année 1999, où il rencontre des témoins ou visite des lieux emblématiques. Un voyage historique, de 1900 à 1999, partant des grandes capitales européennes, poursuivant par les guerres mondiales, causes, déroulement, conséquences, les changements à l'est, terminant par l'éclatement de la Yougoslavie (et là j'ai tenté de comprendre ce qui m'avait échappé à l'époque) et une vision de l'aventure européenne future.

L'auteur est journaliste et écrivain, et cette somme incontournable se lit comme un roman ou presque. le petit plus, c'est que Geert Mak est néerlandais et a un regard qui nous change du franco-français (en particulier sur De Gaulle).

Quelques passages (histoire de prouver qu'il ne s'agit pas d'un sec cours d'histoire-géo)

"C'est l'âge des constructions qui indique au voyageur d'aujourd'hui qu'il se trouve à proximité de la zone où se déployait en 1914-1918 le front de Flandre-Occidentale: il n'y a soudain, au bord de la route, pratiquement plus de maisons et de fermes antérieures à 1920."

"La lettre par laquelle le gouvernement britannique informait ses proches de la mort d'un soldat contenait cette phrase type : 'il est mort d'une balle en plein coeur.' En fait, il n'était accordé qu'à quelques-uns de mourir ainsi."

Stalingrad, deux fronts. " lorsque survenait un moment de répit, de la musique de tango retentissait sur l'étendue de neige crépusculaire - les russes avaient en effet découvert qu'elle déprimait complètement les Allemands. Un autre effet sonore très prisé consistait à faire suivre le tic-tac monotone d'une horloge de l'annonce précisant que toutes les sept secondes un Allemand mourait sur le front oriental."

"Huit millions. Entre 1941 et 1945 un quart de la population ukrainienne a été assassinée.: huit millions de garçons et de filles, d'hommes et de femmes. Que faire face à un tel nombre?"

A Odessa, pour se rendre en Europe. "Quand je dis que c'est presque aussi difficile qu'au temps du rideau de fer , je ne plaisante pas. La seule chose qui ait changé c'est que c'est l'Ouest et pas l'Est qui dresse maintenant les barrières."

"A Berlin - à en croire les procès-verbaux publiés par la suite-, le QG allemand ne pouvait se faire une idée de la situation qu'en faisant procéder à des appels téléphoniques de numéros pris arbitrairement dans l'annuaire. 'Mes excuses, madame, les Russes sont-ils déjà chez vous?' C'est à partir de ces données que tous les soirs, on déplaçait les derniers petits fanions sur la carte."

"Lorsque en 1987, l'on demanda à Guennadi Guerassimov, porte-parole du ministère soviétique des Affaires étrangères, ce qui faisait au juste la différence entre le Printemps de Prague et la perestroïka de Mikhail Gorbatchev, son patron, il se contenta de répondre : 'Dix-neuf ans.'"

1989. "A Moscou, un porte-parole du gouvernement déclara à des journalistes que la doctrine de la 'souveraineté limitée' de Brejnev, par laquelle l'Union soviétique justifiait son interventionnisme militaire, avait été remplacée par la 'doctrine Sinatra' ; 'My Way'."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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(Rédigé en 11/2007 pour mon blog - lien ci-dessous)
Ce pavé a pour auteur Geert Mak, un hollandais journaliste qui, à la veille de l'an 2000, a décidé de célébrer la chose à sa façon. Il a, pendant un an, sillonné l'Europe dans tous les sens, faisant halte dans toutes les villes qui ont eu un rôle important dans le 20è siècle. Celles où sont nées des guerres (Sarajevo) ou des dictateurs (Predappio), où ont été signés des armistices (Compiègne) annonciateurs de guerre plus que de paix, celles où il y a eu des morts, par dizaine (Oradour) ou dizaines de milliers (le choix ne manque pas), celles où on a creusé des tranchées ou des charniers (Verdun, Kiev). Celles qui ont changé plusieurs fois d'identité (St. Petersbourg), de paternité adoptive (Vilnius), de camp (Vichy ), celles qui ont été libérées (Paris), se sont relevées (Dresde), ont résisté (Londres), ont été divisées (Berlin); celles synonymes d'embarquement (Dunkerque) ou de débarquement (Reggio). Ce Voyage d'un européen à travers le XXè siècle, l'auteur le fait avec l'oeil du citoyen effaré qui traque les destins de l'histoire et des hommes, qu'ils soient de simples rencontres, des citoyens oubliés ou au contraire grandis (pas forcémént de manière positive) par l'histoire, en portant un regard sur le présent de ces villes et leur passé. Ce récit aide à comprendre la continuité de faits qui paraissent indépendants les uns des autres, à percevoir la genèse douloureuse de notre Europe fragile, et surtout à se situer dans le temps et l'espace. C'est banal ce que je dis, mais à une époque où on peut rencontrer facilement des personnes de toutes origines et de toutes nationalités, rien qu'en sortant de chez soi (d'ailleurs avant il fallait aller au front ou en camp pour cela...), je trouve que c'est bien de connaître un peu de notre histoire commune. Et puis il y a quelque chose dans ce livre qui me plait : c'est que le regard et l'analyse sont ceux d'un hollandais. c'est à dire qu'ils ne sont pas français et qui plus est, sont ceux d'un citoyen d'un "petit" pays. Ce livre est un monument d'intelligence qui se lirait d'une traite s'il n'était aussi volumineux !

Lien : http://unclemeat.musicblog.f..
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Mais quelle mouche a bien pu piquer Geert Mak pour qu'il écrive un truc aussi énorme ? Rien moins que l'histoire du XXème siècle en un tome de 965 pages (1,3 kg : je l'ai pesé !).

La bibliothèque municipale et l'auteur lui-même classe l'ouvrage comme « récit de voyage ». Or, bien qu'on soit baladé deçi-delà à travers l'Europe, L Histoire et le paysage du présent ne dialoguent pas : sur ce point, c'est râté.

Ensuite, l'auteur retrace une suite de faits historiques. A quel titre ? Geert Mak n'est pas historien mais journaliste. Son style factuel est là pour le prouver. Ce récit de voyage serait donc plutôt une longue suite d'anecdotes historiques, longue et déséquilibrée : la Seconde Guerre Mondiale occupe une place disproportionnée dans l'ouvrage par rapport, par exemple à la Première Guerre Mondiale.

L'épilogue doit être mis à part. le style est plus personnel, plus rond, plus chaud … et le récit, plus intéressant. On passe de l'Histoire à la construction européenne : Geert Mak fut assistant parlementaire dans sa jeunesse.

Mon ressenti sur ce livre ? Pas conquise : trop gros tout d'abord, et puis Geert Mak a toujours une petite pique pour les uns et pour les autres, ce qui est assez déplaisant.
… mais cela ne m'empêchera pas de lire Les Rêves d'un Européen au XXIème siècle : suite ou pas suite ? Vous le saurez prochainement !
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Un livre très précieux pour les amateurs d'histoire et de récits de voyage, l'auteur remonte le fil de l'histoire tout en visitant les différents pays européens. Il confronte avec justesse, la vie actuelle avec les évènements du passé. Les drames d'hier éclairent avec finesse et clairvoyance les situations actuelles. A lire et relire
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Freud obtint l'autorisation de quitter la ville dans laquelle il avait vécu depuis sa prime jeunesse. Il partit à Londres, où il allait mourir un peu plus d'un an après. Avant son départ, les nazis exigèrent du patricien mondialement connu une déclaration écrite certifiant qu'il avait été parfaitement bien traité. Freud signa sans sourciller et n'ajouta qu'une phrase :"Je peux cordialement recommander la Gestapo à tous".
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Le 26 août 1944, au terme d'une série de tractations alambiquées, de Gaulle put enfin faire son entrée en vainqueur dans Paris. "Paris outragé, Paris brisé, mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France", s'écria-t-il avec la rhétorique qui était la sienne. Et tous d'acclamer, en dépit du fait qu'aucun bataillon français n'avait pris part à l'héroïque débarquement du D-day, que de Gaulle n'avait même pas été associé aux préparatifs de l'opération, que sur les trente-neuf divisions qui combattaient en Normandie on n'en comptait en tout et pour tout qu'une seule de la France combattante, et qu'une petite partie seulement de la population parisienne - quinze mille hommes et femmes tout au plus d'après des estimations dignes de foi - avait rejoint la Résistance.
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Sabino de Arena fondateur du mouvement indépendantiste basque (avait évoqué dans sa dernière pièce "libe" le destin d’une femme préférant mourir plutôt que d’épouser un espagnol) prit pour épouse une jeune paysanne, uniquement à cause de la « pureté » de son sang. Après sa mort, elle eut tôt fait de se trouver un mari … un agent de police espagnol.
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Il n'y a pas de peuple européen. Il n'existe pas de communauté unique de culture et de traditions...; il y en a au moins quatre : la protestante du Nord, la catholique latine, la grecque orthodoxe et l'ottomane musulmane. Point de langue unique, mais des dizaines d'idiomes…. Et surtout : il n'y a en Europe que très peu d'Histoire commune, d'expérience commune de l'Histoire.
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Nulle part ailleurs (qu'à la télévision suédoise) je n'ai eu l'occasion de voir cinq acteurs rester si longtemps muets et immobiles à l'écran . Ils devaient être en train de se bouffer le nez je pense.


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Video de Geert Mak (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Geert Mak
"Et si on revenait à l'Europe des patries" .Un idée pour réinventer l'Europe ? le député européen et membre du Parti pour l'indépendance du Royaume Unis, William Dartmouth, le journaliste et écrivain Geert Mak et l'ancien président finlandais , prix Nobel de la paix 2008, Martti Ahtisaari, venus débattre aux Journées de Bruxelles : "Réinventer l'Europe" organisées par "le Nouvel Observateur" du 10 au 12 octobre, répondent.
Dans la catégorie : Géographie de l'EuropeVoir plus
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Géographie générale>Géographie de l'Europe (818)
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