Le très placide
Andreï Makine vient de faire paraître un court pamphlet,
Cette France qu'on oublie d'aimer. Il y dit tout le mal qu'il pense de ce perpétuel auto-dénigrement de notre pays. Après
Max Gallo et son
Fier d'être Français, voici un nouveau sursaut pour défendre le pays des Lumières. Chose assez paradoxale, ceux qui se préoccupent de la
France aujourd'hui ne sont pas ses propres enfants mais ceux qu'elle a accueillis. Comme si cette adoption leur donnait une conscience plus aiguë de valeurs en perdition, comme s'ils cherchaient à nous redonner le goût de notre pays.
Makine, par exemple, n'accepte pas que l'on méprise la terre qui lui a permis de quitter l'URSS. Animé d'une passion très littéraire de la
France, il ne peut comprendre que les autres migrants n'aient pas ce même amour, cette même vénération du pays de
Voltaire. Il en résulte un essai élitiste, voire coléreux qui se complaît dans des grandeurs passées très romanesques et fustige les affres du présent et la sinistrose ambiante. Les récents événements dans les banlieues dépassent son entendement. En effet, pour ce Russe qui a choisi d'écrire en Français, il ne fut pas aisé d'être accepté puis reconnu par ses pairs littéraires mais il y est parvenu, animé qu'il était d'un profond désir d'intégration en
France. Cette volonté, cette force du migrant, il ne comprend pas qu'elle ne soit pas partagée. Toutefois,
Cette France qu'on oublie d'aimer fourmille aussi de jolies pages – le pamphlétaire laissant la place au grand écrivain –. Croquant certaines tournures bien françaises, dépeignant malicieusement les intellectuels français,
Makine dit tout son amour de ce pays. Paraphrasant Racine, il nous répète : « Si vous n'êtes Français, soyez dignes de l'être ». Au nom de cette francité, ces mots vont loin. Peut-être trop.
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